Écho de presse

1902 : appel au "désistement républicain"

le 28/05/2018 par Marina Bellot
le 03/05/2017 par Marina Bellot - modifié le 28/05/2018
Le Petit Journal Supplement du dimanche du 04 mai 1902

Les élections législatives de 1902 voient deux France s'affronter dans un climat d'une grande violence. Grâce aux appels au "désistement républicain", le Bloc des gauches remportera une nette victoire face aux nationalistes de droite.

1902. La France de l'après Dreyfus est divisée en deux camps. Depuis trois ans, le gouvernement Waldeck-Rousseau (modéré progessiste) est en lutte contre les ligues nationalistes. Il a mis l'armée au pas et mène une bataille contre l'Église, qu'il accuse de s'être compromise dans un antidreyfusisme radical.

Le Bloc des gauches, alliance de forces politiques de gauche, est créé en 1899 en vue des élections législatives de 1902. 

Dès le premier tour du scrutin, les élections opposent les partisans de chacune des deux France dans une atmosphère extrêmement conflictuelle.

Le Bloc des gauches appelle alors à La Défense républicaine. Ainsi, en mai 1902, pendant l'entre-deux-tours, la "Fédération française de la libre-pensée" appelle les électeurs à faire barrage à ceux qui voudraient entraver "la marche progressive des réformes" (ici rapporté dans La Lanterne) :

"Aux républicains, aux socialistes, aux libres penseurs

Citoyens,

La situation électorale impose un devoir à tous les citoyens convaincus que le nationalisme, nouvelle forme du boulangisme, est une menace au progrès démocratique, celui de faire l'union sur les noms des candidats que le suffrage universel a désignés pour être les représentants du parti républicain. [...]

Citoyens,

Entre les agents de la Congrégation, qui veulent mettre la France sous le joug de l'Eglise, et les républicains qui veulent poursuivre l'œuvre de la Révolution et rendre la République meilleure, vous n'hésiterez pas, vous voterez pour les républicains désignés par le suffrage universel."

La participation aux élections est forte (80 %). Le Bloc des gauches remporte une nette victoire grâce aux désistements, avec 370 sièges (dont 220 radicaux) contre 220 aux droites divisées.