Écho de presse

Aïd el-Kebir en grande pompe

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 13/09/2016 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Les fêtes de l'Aïd el-Kebir à la mosquée de Paris : le sacrifice des moutons ; Agence Mondial ; 1932 - Source BnF

En 1932, la Grande Mosquée de Paris est le lieu d'une "somptueuse cérémonie".

Le 16 avril 1932, les musulmans de France se préparent à célébrer l'une des fêtes les plus importantes de leur religion. Il existe encore peu de lieux de culte qui leur soient dédiés, et c'est à la Grande Mosquée de Paris qu'a lieu la plus grande cérémonie, relayée par de nombreux journaux, notamment par Paris-Soir.

Le journaliste du quotidien va ainsi "présenter ses respects à Si Ben Gabhrit, ministre plénipotentiaire honoraire, directeur de l'Institut musulman de Paris et chef du protocole de Sa Majesté Chérifienne", qui rappelle que la fête de l'Aïd el-Kebir commémore le sacrifice d'Abraham dans le désert :

"Abraham allait immoler son fils Ismaël lorsque le Seigneur lui présenta un mouton, épargnant au patriarche la mort de celui qui devait engendrer la race musulmane."

Si Ben Gabhrit est alors une personnalité reconnue en France. C'est à son initiative qu'a été fondée quelques années plus tôt, en 1926, la Grande Mosquée de Paris - la première de la France métropolitaine - un lieu d'une grande importance symbolique pour la visibilité de l'islam et des musulmans en France.

La rencontre est empreinte de solennité :

"— La cérémonie, monsieur le ministre, sera somptueuse.
— À 10 heures se réuniront ici tous les ministres étrangers, les membres des légations et des consulats, les notabilités musulmanes, les commandants de corps musulmans en garnison à Paris et tous les fidèles auxquels leurs occupations permettront de venir assister à la cérémonie religieuse.
Au cours de cette cérémonie, le prédicateur Si Mohamed Ben Lahcene prendra la parole et dira les prières. Puis on présentera aux fidèles les moutons destinés au sacrifice. Ce sacrifice aura lieu dans les sous-sols de la Mosquée où tout est admirablement aménagé à cet effet.
— Les fidèles seront nombreux, monsieur le ministre ?
— Les musulmans de Paris sont nombreux, cinquante mille environ. Mais la majeure partie sont retenus par leur travail. Cependant, cette année, en raison du chômage, tout laisse prévoir une grande affluence."

Renseignements pris sur le déroulement de la cérémonie, le journaliste poursuit : 

"Après avoir fort civilement quitté Si Ben Gabhrit, et grâce à l'obligeance d'un guide, je peux visiter la Mosquée, retrouver dans ces jardins et ces cloîtres, parmi le bruits des vasques, l'atmosphère lointaine des pays africains. Cela ne dure qu'un temps. Et en sortant, je manque de me faire écraser par le T bis."