Écho de presse

Années 30 : "Le féminisme dans la société"

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 07/06/2017 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Les féministes à l'Hôtel de Ville en 1926 ; Agence Meurisse - Source : Gallica

En 1933, la romancière Marguerite Grépon dresse le bilan du féminisme dans une société française minée par la crise économique.

Pendant la Première Guerre mondiale, alors que la plupart des associations féministes françaises ont mis leurs revendications entre parenthèses, de nombreuses femmes ont fait leur entrée dans le monde du travail pour remplacer des hommes absents ou tombés au front. Ce faisant, elles ont acquis pour la première fois des reponsabilités qui ont renforcé leur volonté de s'émanciper. Pourtant, près de vingt ans après, les femmes n'ont toujours pas obtenu le droit de vote : à cinq reprises, les propositions de loi en ce sens, bien qu'adoptées par la Chambre des députés, s'est heurtée aux rejets répétés du Sénat. 

Où en est le féminisme ? Telle est en substance la question que pose en 1933 la romancière et poétesse Marguerite Grépon (1897-1980) dans les colonnes de La Femme de France. Elle dresse un bilan constrasté du rôle des femmes dans la société des années 30, à un moment où leur émancipation semble connaître un coup d'arrêt.

"Que représente le féminisme pour beaucoup ? L'ironie a vite fait de brosser un tableau affligeant : réunion de vieilles dames mal habillées, ayant fini de songer aux amours et déversant leur flamme, — refusée ailleurs, — dans des tirades, des revendications aigres-douces ; jeunes femmes sans beauté, incapables de mieux employer leur zèle. Tout cela, bien que périmé, démodé, tient encore lieu d'arguments, pour un bon nombre de rieurs."

"Féminisme signifie pour beaucoup travail des femmes. Socialement, c'est en effet sa réalisation la plus voyante", poursuit l'auteure, en insistant sur la distincion à opérer selon les classes sociales :

"Dans les classes ouvrières, la question primordiale est celle-ci ; à travail égal, salaire égal. Dans les classes bourgeoises, le travail a amélioré l'inégalité des conditions entre les jeunes filles dotées et celles qui ne l'étaient pas. [...] Dans cette classe, les revendications s'élèvent plutôt contre le code Napoléon, régissant un état de mariage où la femme annule trop complètement ses droits."

Dans un papier publié quelques mois plus tard, Marguerite Grépon met en lumière une autre réalité des années 30 : le chômage, "angoisse grandissante", qui menace de faire reculer ces avancées :

"Des ennemis virulents du travail féminin entonnent le refrain sempiternel : « Retournez à la maison», sans se demander qui payera le loyer de cette maison et le pot-au-feu destiné à remplir la marmite, si la femme ne reçoit plus de salaire. [...] Il devient donc d'une nécessité de plus en plus urgente, pour les femmes françaises, de faire partie du « peuple souverain » selon la formule républicaine, car il sera toujours trop commode à un certain nombre d'adversaires de les tenir à l'écart, si personne ne redoute leur force collective."

Marguerite Grépon publiera dans les années 30 divers articles consacrés au féminisme dans la société et notamment des portraits de grandes figures du féminisme de l'époque, de Louise Weiss, à Maria Verone.

 

 

 

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