Écho de presse

Beethoven, génie « altier, souverain, presque populaire »

le 29/05/2018 par Pierre Ancery
le 27/10/2016 par Pierre Ancery - modifié le 29/05/2018
Les Annales politiques et littéraires ; Dessin de Lemud ; 1927 - Source RetroNews

L'aura de Beethoven ne cessa de croître au XIXe et au XXe siècle, culminant lors du centenaire de sa mort en 1927.

Le célèbre compositeur allemand meurt le 26 mars 1827 à Vienne. À l'occasion du centenaire de sa mort, la presse célébrait déjà son génie.

 

Ainsi Les Annales politiques et littéraires consacraient-elles le 20 mars un dossier spécial à « l'homme extraodinaire qui fut, avec Bach, Mozart et Wagner, un des rois de la symphonie », revenant sur son œuvre, sa vie amoureuse et ses débuts à Paris. Le très sérieux critique Camille Mauclair n'y lésine pas sur les superlatifs :

 

"Beethoven ne sera jamais assez honoré. Il est altier, il est souverain, et il est presque populaire. La foule ne se lasse pas de lui. Aucun musicien illustre n'est plus joué, son œuvre est sans rides, et au-dessus de la mode. J'entends même, parfois, de jeunes compositeurs s'irriter de ce que ce mort occupe encore, après cent années, une telle place sur les programmes. C'est que son emprise sur les âmes est irrésistible."

 

 

Et de prophétiser (avec justesse) l'influence que le maître continuera d'avoir sur les futurs compositeurs :

 

"La loyauté de son art est telle, le son de son âme est si pur, que son orchestre, si réduit auprès des nôtres, se suffira pour l'éternité. Non seulement il a été, avec Delacroix, Goethe et Hugo, un des plus grands générateurs de la sensibilité du XIXe siècle, mais il a tracé dans la Neuvième Symphonie le plan d'un art des foules, l'esquisse d'une religion dont, depuis la tragédie grecque, on n'avait pas vu l'équivalence. Et la voie spacieuse et lumineuse reste toujours ouverte. Beethoven a créé un monde d'amour humain. Comment pourrait-on oser dire que ce prophète, ce voyant, est dépassé ? La vérité est qu'il n'est pas encore entièrement compris."