Écho de presse

"Chapeaux majuscules et bibis minuscules"

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 04/05/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Vogue - Source BnF

En 1944, le journal nationaliste L'Action française se penche sur un grave sujet : les étranges coiffes des femmes en ces "temps malheureux".

1944. L’époque n’est pas joyeuse, mais pour autant la mode perdure dans la capitale malgré l’occupation allemande. Pour égayer leurs tenues, les femmes portent des accessoires tels que le chapeau, le bibi haut perché et le turban.

L'Action française recense les coiffes des femmes qui fleurissent dans les rues :

"Cela va du large abat-voix de chaire à prêcher, surmonté souvent d'une cheminée d'usine ou tronc de cône, au simple filet pendant derrière la nuque pour contenir la cascade des cheveux, telle la résille que l'on voit à la Gravida de Raphaël. Dans l'entredeux, quelle diversité ! Turbans faits d'écharpes enroulées avec une merveilleuse fertilité d'invention, disques circulaires ou ovales plantés perpendiculairement sur l'occiput, larges galettes, hautes tiares à deux cornes des pontifes hébreux ou des prêtres du culte de Mithra, plats à hauts bords, que porte le crâne comme pour recueillir la pluie, tambours de basque ou kiosques à plusieurs étages...".​

Agréable aux yeux, mais que d'argent dépensé futilement, estime le quotidien nationaliste :

"On peut certes louer le luxe des immenses chapeaux et des chevelures très ouvragées. «Le superflu, chose si nécessaire», dit un vers fameux. Cela peut se soutenir. Mais saint Augustin, plus profond philosophe sans doute, déclare le luxe «homicide», et cette vue ne parait pas sans justesse, surtout en des temps malheureux, à qui veut bien réfléchir. Certes chapeaux, « permanentes » et le reste font vivre une légion de modistes, coiffeurs, coiffeuses et marchands de tissus. Est-on bien sûr qu'appliqué à des tâches moins accessoires leur travail ne servirait pas mieux la communauté, ou même qu'il ne manque pas à de véritables besoins ? Sans être un moraliste grognon, il est loisible de penser aussi que beaucoup d'argent se gaspille en dépenses oiseuses, voire pernicieuses".​

L'auteur de l'article a une bien meilleure idée :

"Une bonne partie de l'excès d'étoffe employé pour beaucoup de chapeaux pourrait utilement allonger les jupes, nous épargnant un trop riche étalage de chair fraîche."​