Charcot, vie et mort d'un explorateur
Le père de l'océanographie moderne a passionné la presse par ses expéditions polaires. Sa mort de retour du Groenland provoqua une immense émotion.
En septembre 1936, Jean-Baptiste Charcot meurt dans le naufrage de son bateau, le Pourquoi-Pas, de retour d'une mission au Groenland, à l'âge de 69 ans.
Le commandant Charcot est considéré comme le père de l'océanographie moderne et de la recherche polaire française. Son expédition à bord du Français (1903-1905) en particulier est un succès : il en rapporte de préciseuses informations météorologiques, hydrologiques et zoologiques, et est très commentée par la presse, qui se passionne pour le récit de la conquête des pôles.
Le Petit Journal en 1936 dresse une biographie en forme d'hommage :
"Il était né à Neuilly-sur-Seine en 1867. Son père était le grand clinicien Jean-Martin Charcot, dont les travaux sur la pathologie nerveuse et l'anatomie pathologique révolutionnèrent la médecine, dans la seconde partie du siècle dernier. Jean-Baptiste, comme son père, fit des études approfondies de médecine. Il délaissa la clinique pour un champ d'expérience plus large : l'océanographie, l'exploration. Il eut un premier bateau, Le Français ; un second, le célèbre Pourquoi-Pas ? Il se spécialisa dans les expéditions antarctiques.
Ses deux premiers voyages (de 1903 à 1905 et de 1908 à 1910) permirent de compléter la carte de ces régions à peu près inconnues, depuis l'archipel Palmer jusqu'à la terre qui porte maintenant le nom du grand savant. Il fit aussi des croisières océanographiques dans l'Atlantique nord, faisant, entre autres, en 1921, l'étude du rocher de Rochall, au grand large ouest des îles britanniques.
Le docteur Charcot était en outre un excellent écrivain : il consigna les récits et les renseignements de ses expéditions dans plusieurs livres : Autour du Pôle Sud, Les Missions du Pourquoi-Pas ? depuis 1912, Christophe Colomb vu par un marin.
Malgré son âge, Jean-Baptiste Charcot n'avait pas voulu abandonner la vie dangereuse qu'il avait toujours menée. Le « Grand Nord » l'aura vaincu, lui qui tant de fois était parvenu à percer son mystère. Sur l'océan de glace, en pleine tempête, le docteur Charcot a péri en marin. Il a sombré avec le laboratoire flottant qu'il avait su faire de son Pourquoi-Pas ? : il est mort en savant."
Le commandant Charcot resta le dernier sur le bateau et, juste avant d'être englouti par les flots, libéra une mouette, mascotte de l'équipage.