Écho de presse

La condamnation et la réhabilitation de Violette Nozière (3/3)

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 12/02/2017 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Le Journal du 27/12/1934 - Source : BnF RetroNews

Condamnée à mort en 1934, Violette Nozière, devenue un symbole national, reste au centre de l'attention des journaux.

Octobre 1934. Depuis sa condamnation à mort (lire notre article consacré à son procès), Violette Nozière est incarcérée à la prison de la Petite Roquette à Paris. Loin d'être retombée dans l'oubli, elle reste au centre de l'attention des journaux, qui multiplient les articles sur sa vie en cellule. Monstre pour les uns, martyre de l'ordre bourgeois pour les autres, elle est devenue un symbole national.

"Il nous a semblé intéressant de montrer en quelques photographies ce que sera la vie de la jeune meurtrière dans le silence de la « Maison de force et de correction »", écrit Paris-Soir en décembre 1934 :

"Le régime est fort sévère et le silence le plus complet est de rigueur. Durant douze heures, les détenues sont réunies, durant douze autres heures, elles sont isolées. L'existence des prisonnières se poursuit monotone, coupée de temps à autre, par les offices religieux, de rares visites, et la douche hebdomadaire. La tenue est la même pour toutes et la coquetterie est rigoureusement bannie. C'est là que Violette Nozière va passer des années, peut-être toutes les années de sa vie."

Le 24 décembre 1934, la France apprend que le président de la République Albert Lebrun a décidé de commuer sa peine en travaux forcés à perpétuité. "À la Petite Roquette, personne ne regrettera le départ de Violette Nozière", assure Le Journal.

Le 30 décembre, Le Journal rapporte :

"Son départ de la Petite Roquette aura passé aussi inaperçu que son entrée avait été tumultueuse et théâtrale. Violette Nozière n'a été avisée qu'au dernier moment de son transfert décidé par l'administration pénitentiaire, enfin avisée officiellement de sa grâce et qui ne pouvait la garder dans la cellule des condamnées à mort. Elle n'a manifesté ni joie, ni tristesse de ce changement, et c'est sans émotion qu'elle a quitté la prison où elle a vécu près d'une année et demie et où, quelque coupable qu'elle soit, elle a tapi souffert."

Nouveau transfert en janvier 1935, après quelques semaines de transition à Fresnes : Violette rejoint la centrale d'Haguenau en Alsace, dans un convoi de quatorze femmes enchaînées les unes aux autres. Le Journal commente son départ avec les mêmes mots :

"Violette Nozière, qui ne fut informée qu'à la dernière minute que son déplacement avait été décidé par l'administration pénitentiaire, n'a manifesté ni joie ni tristesse, et c'est sans la moindre émotion apparente qu'elle a quitté la prison de Fresnes."

Le 14 janvier, Paris-Soir imagine avec une certaine délectation la première journée de Violette Nozière à Haguenau :

"— Déshabillez-vous.
Violette ôtera une à une ces lingeries que dans sa prison encore elle eut jusqu'ici le droit de choisir. Mais depuis qu'elle est à Haguenau elle n'a plus aucun droit.
La voix de la religieuse grondera.
— Dépêchez-vous. Plus vite. La dernière qui entrera dans sa baignoire sera punie.
Et la jeune femme se hâtera."

La conduite exemplaire de Violette Nozière pousse l'Église catholique à intercéder en sa faveur auprès du maréchal Pétain, qui réduit sa sentence à 12 ans le 6 août 1942.
Elle entre au service du greffier-comptable de sa prison et reçoit une formation d'aide-comptable. Sa réinsertion réussie lui vaudra d’être libérée le 29 août 1945. Le général Charles de Gaulle, président du Gouvernement provisoire, lèvera son interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire français par un nouveau décret présidentiel, et le 13 mars 1963, Violette sera réhabilitée par la cour d'appel de Rouen.

Elle mourra le 26 novembre 1966 d’un cancer des os, épilogue définitif d'un feuilleton qui aura passionné la France des années durant.

 

Retrouvez le premier et le second volet consacrés à l'affaire Violette Nozière.