Écho de presse

L'invraisemblable fausse mort de Paul Léautaud

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 23/02/2016 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Paul Léautaud, estampe ; Edouard Vuillard (Paris) ; 1934 - Source BnF

Il y a tout juste 60 ans mourait l'écrivain Paul Léautaud. Pour la deuxième fois...

 

Le 25 mai 1941, Le Figaro, sous le titre « Un original a disparu », rend un hommage solennel à Paul Léautaud. D'après le journal, l'auteur du Petit ami (1903), qui travaillait à la prestigieuse rédaction du Mercure de France, « vient de s'éteindre à Paris ».

« Le grand public le connaissait peu, mais il était célèbre dans les milieux littéraires, autant par son talent, original et grand, que par la cocasserie de son caractère et de sa vie. »

Et l'auteur de l'article de raconter quelques anecdotes nostalgiques sur ce personnage haut en couleur, réputé pour sa misanthropie et grand amoureux des animaux.

« Vêtu comme un pauvre, il leur apportait à manger, chaque soir [...] »

Problème : Paul Léautaud n'est pas mort ! La nouvelle était fausse... Trois jours plus tard, le ressuscité en personne prend la plume dans le Figaro et s'adresse avec sa verve et son humour habituels à André Billy, le journaliste (et écrivain) qui avait rédigé son éloge funèbre dans les colonnes du même journal. Mais davantage que la fausse nouvelle de sa mort, Léautaud semble n'avoir pas trop apprécié la description qui avait été faite de son accoutrement...

« Vous écrivez qu'il y a, ou plutôt qu'il y avait, dans mon aspect, du vagabond, du poète, de l'acteur et du défroqué, vous ajoutez que j'ai, ou plutôt que j'avais, des chaussures de porteur de contrainte, de recors […] Mes chaussures ne sont pas à la mode, c'est entendu ; ce ne sont pourtant pas des chaussures grossières [...] »

Mais le ton reste amical, l'ex-défunt finissant par remercier Billy pour l'avoir « enterré très convenablement ». 

Paul Léautaud, qui restera célèbre pour son Journal littéraire tenu pendant 63 ans, mourra pour de bon le 22 février 1956. Ses dernières paroles auraient été : « Maintenant, foutez-moi la paix. »