Écho de presse

La fin de John Dillinger

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 16/01/2017 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Paris-Soir, 27 mai 1934 ; Source RetroNews BnF

Ennemi public numéro 1 pendant la Grande Dépression, le gangster fut trahi par une prostituée et abattu par la police en 1934, alors qu'il sortait d'un cinéma.

Auteur du braquage de 24 banques et de quatre commissariats, John Dillinger, né à Indianapolis en 1903, fut le criminel le plus célèbre de la Grande Dépression. Son audace et son habileté à échapper à la police lui valurent au début des années 30 l'attention des médias et la fascination du public, dont une partie ne tarda pas à le surnommer le « Robin des bois américain ». Sa mort spectaculaire, à 31 ans, fit de lui un véritable mythe.

 

 

Au printemps 1934, Dillinger et sa bande sont parvenus une fois de plus à échapper à la police, au prix de la vie de plusieurs agents lancés à leurs trousses. Le bandit est recherché à la fois à Chicago et à Londres, comme le rapporte Paris-Soir. En réalité, blessé lors d'un affrontement avec les autorités, il se cache chez son père, dans l'Indiana, pour se soigner. En juillet, il est de retour à Chicago, où il se cache dans un bordel tenu par une certaine Ana Cumpañas, qui se fait appeler Anna Sagen.

 

Le 23 juillet, la police attend Dillinger à la sortie d'un cinéma, où il est allé voir le film Ennemi public numéro 1 avec Clark Gable. L'Ouest-Éclair raconte :

 

"Au moment où John Dillinger sortait furtivement, accompagné de deux femmes, les policiers en civil ouvrirent le feu. Dillinger qui avait tiré rapidement son revolver n'eut pas le temps de s'en servir. Il tomba la face contre terre sans prononcer une parole. Il avait reçu une balle dans le cou qui ressortit sous l'œil droit ; une autre balle l'avait atteint sous le cœur. Le bandit a expiré en quelques minutes."

 

Aux États-Unis comme en France, la mort de Dillinger fait la une de tous les journaux. Le Journal évoque la "mystérieuse femme en rouge" qui, accompagnant le bandit, le désigne discrètement à la police. Il s'agit en réalité d'Ana Cumpañas, qui s'est mise d'accord avec les autorités pour leur livrer le bandit.

 

Un an plus tard, elle est interviewée par Paris-Soir qui la retrouve au fin fond des Carpates, où, expulsée des États-Unis car accusée de complicité avec Dillinger pour certains de ses vols, elle se cache d'une possible vengeance des amis du défunt gangster. Face au reporter, elle s'explique sur sa "trahison".

 

"Je l'aimais, oui, je l'aimais, c'est pour cela que je l'ai trahi. […] C'est lui qui m'a trahie, moi je l'ai livré. Il avait amassé une petite fortune. Avec cet argent il comptait acheter une ferme, se retirer des affaires. Et cette vie de paix et de bonheur que j'avais si bien gagnée, il voulut la partager avec une autre ! Il aimait une autre femme ! Il m'abandonnait ! […] Alors je voulus me venger."

 

Toutefois, contrairement à ce qu'avance l'article de Paris-Soir, la vraie raison de son geste semble avoir été la récompense et la promesse, pour cette immigrée austro-hongroise, d'obtenir la nationalité américaine.