Écho de presse

La naissance du vélo

le 17/03/2019 par Pierre Ancery
le 19/02/2017 par Pierre Ancery - modifié le 17/03/2019
Le Journal amusant ; 27 mars 1869 - Source RetroNews BnF

Entre 1867 et 1868, l'apparition des premiers "vélocipèdes" à pédales suscite de multiples commentaires dans la presse.

À la fin des années 1860, un tout nouveau moyen de locomotion est commercialisé en France : le vélocipède. Il s'agit rien de moins que de la toute première bicyclette ! Probablement mise au point en 1864 par Pierre Michaux (la date est sujette à controverse), le vélocipède, qu'on ne surnomme pas encore "vélo", est vendu en série à partir de 1867.

Dans les années qui suivent, l'engin rencontre un immense succès populaire. Et suscite l'intérêt de la presse : ainsi du Petit Journal, qui le 5 juillet 1868 consacre un long article mi-fasciné, mi-ironique à cette invention.

 

"C'est la fureur du moment – c'est le point d'arrêt de la voie publique – c'est la préoccupation des cochers et le souci des piétons. On en rencontre au bois, sur les boulevards, dans les rues. Il faut bien en parler... comme d'un signe des temps, comme d'une manifestation, des goûts et des sympathies de la foule. Le Vélocipède est à la mode."

 

Mode de transport d'abord essentiellement urbain, le vélocipède n'est pas encore répandu à la campagne, où la plupart des gens n'en ont jamais vu. L'auteur de l'article, un dénommé Timothée Trimm, se fend donc d'une brève description :

 

"C'est une légère machine à deux roues, grande comme le cheval de bois qui amuse les petits enfants. Les talons actifs du cavalier font aller la monture mécanique, comme les talons armés d'éperons font marcher une monture vivante. […] Et les bras conduisent, comme un gouvernail, la mécanique à leur portée, nécessaire aux changements de direction."

 

Systématiquement comparé au cheval, dont on se demande s'il va le remplacer définitivement, le vélocipède suscite aussi des interrogations. Son usage serait-il mauvais pour le corps ?

 

"Il existe enfin des médecins qui soutiennent que cet exercice continuel des jambes, imprimant aux roues une impulsion par leur mouvement non interrompu, n'est pas très sain. [...] Le Vélocipède, qui fatigue les jambes, laisse le corps inerte, et oblige le pied à un mouvement monotone et toujours le même, qui fatigue une partie de la machine humaine, en laissant les autres parties dans une dangereuse immobilité." 

 

Enfin, non sans humour, le journaliste relève que le vélocipède est tout de même nettement moins efficace, du point de vue poétique, que le cheval :

 

"Et je ne m'habituerai jamais à l'idée d'entendre le Richard III, de Shakespeare, s'écrier dans son ardeur belliqueuse :

Mon Vélocipède ! Mon royaume pour un Vélocipède !" 

 

Pour en savoir plus :

Consulter l’exposition virtuelle BnF « Sciences pour tous » sur « les transports »

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