Écho de presse

La surprise de Pâques

le 28/03/2024 par Marina Bellot
le 28/03/2016 par Marina Bellot - modifié le 28/03/2024
Préparation des oeufs de Pâques, Agence Meurisse, Paris, 1932 - Source BnF

Chaque année, la date de Pâques est une surprise... En 1935 déjà, une réforme est attendue pour "stabiliser" la date de cette fête catholique. 80 ans plus tard, rien n'a changé.

En 1935, la fête de Pâques se célèbre tard, le 21 avril. Les journaux reçoivent de nombreuses lettres de lecteurs qui s'enquièrent : comment la date de Pâques est-elle donc calculée et où en est la question de la réforme du calendrier, qui doit commencer précisément par le choix d'une date fixe ?

"La fête de Pâques, instituée pour commémorer la Résurrection du Christ, est une des plus importantes du calendrier, en ce sens qu'elle règle toutes les autres fêtes de l'année, celles du moins qui sont dites mobiles : Mercredi des Cendres, Rameaux, Ascension, Pentecôte, etc.", écrit L'Ouest-Eclair le 16 avril 1935. Or "le calcul de la date de Pâques repose entièrement sur ce que l'on appelle le comput ecclésiastique et non sur des données astronomique précises, voilà ce que le public ignore généralement et ce qu'il faut lui faire comprendre".

C'est ce qu'essaie de faire L'Indépendant du Berry deux ans plus tard, alors que les mêmes questions se posent et que la réforme est toujours au point mort :

"Pour conserver une tradition remontant à l'an 325, la fête de Pâques doit être célébrée dans toute la chrétienté en tenant compte de l'âge de la Lune au 21 mars : La Lune qui règle cette solennité doit être celle dont le quatorzième jour arrive, soit le 21 mars, soit l'un des jours suivants. Pâques est alors fixé au dimanche qui suit. Cette règle, qui parait très simple au premier abord, suppose qu'on puisse calculer à une seconde près l'âge de la Lune, et c'est là que l'astronomie intervient. Mais, le problème, tel qu'il est posé, est insoluble en l'état actuel de nos connaissances si nous cherchons une précision valable pour un grand nombre d'années. De là, l'invention d'un comput ecclésiastique qui table sur une lune fictive. Je n'insiste pas sur ce point délicat et technique. En tout cas, en appliquant la règle actuelle, on calcule aisément que la fête de Pâques est susceptible d'être célébrée à 35 jours différents, suivant les années.

Après mûr examen, la S. D. N. avait décidé que désormais la fête de Pâques pourrait être célébrée le dimanche qui suivrait le deuxième samedi d'avril. L'application de cette règle ne dépendait que de l'accord entre les différentes Eglises. Jusqu'à ce moment personne n'a parlé et les choses en sont restées là. Cette inertie peut durer indéfiniment."

Près de 80 ans plus tard, en effet, rien n'a changé et Pâques continue de se fêter plus ou moins tard dans l'année.