Écho de presse

Les règles strictes de l'ambassadrice des bonnes manières

le 25/05/2018 par Pierre Ancery
le 05/09/2017 par Pierre Ancery - modifié le 25/05/2018
RetroNews : réception de dames aux Tuileries au Nouvel An ; Gustave Janet ; 1867 - source Gallica BnF

Paru en 1867, le « Code du cérémonial » de la comtesse de Bassanville fut beaucoup moqué par la presse... avant de devenir l'ouvrage de référence sur l'étiquette.

En 1867, un ouvrage signé de la comtesse de Bassanville fait grand bruit. Son nom : le Code du cérémonial, sous-titré Guide des gens du monde dans toutes les circonstances de la vie. L'auteur, née Thérèse Anaïs Rigo et qui porte le nom de Mme Lebrun depuis son mariage, est une célèbre écrivain pour dames et pour la jeunesse. Son livre est une présentation exhaustive des règles de l'étiquette à respecter impérativement pour quiconque entend faire bonne figure en société.

 

Dès la parution, la presse se moque. Le Figaro du 2 octobre 1867 cite ainsi quelques règles "d'une naïveté surhumaine" :

 

"Quand on apporte une lettre à la maîtresse de la maison chez laquelle vous êtes invité et qu'elle la pose à côté d'elle sans l'ouvrir, priez-la de la lire. Si elle n'en fait rien, retirez-vous promptement mais en cachant la raison qui vous fait agir. [...]

 

Une maîtresse de maison ne doit laisser établir chez elle ni une conversation politique, ni une conversation religieuse. Il faut détourner totalement la conversation et la ramener à des sujets moins sérieux. [...]

 

Quand une personne se lève pour s'en aller, on ne doit pas chercher à la retenir. On se contente de lui exprimer par un « déjà ! » que sa visite a paru courte."

 

Les bonnes manières à table occupent une bonne partie de l'ouvrage :

 

"Les personnes qui font naturellement du bruit avec leurs mâchoires doivent s'observer beaucoup à cet égard.

Il est contraire au savoir-vivre d'essuyer la sauce sur son assiette ou de tripoter les os avec ses doigts.

Les personnes qui, au dessert, prennent des bonbons ou des gâteaux et les glissent adroitement dans leurs poches, méritent le plus sévère de tous les blâmes ; car c'est non seulement manquer de savoir vivre, mais encore faire preuve d'indélicatesse."

L'ouvrage est un best-seller : le nom de Bassanville, pendant toute la fin du XIXe siècle, devient synonyme de bonnes manières. Et excite la verve des satiristes, tels ceux du Tintamarre, qui ne se lasseront pas, pendant des années, de railler le Code du cérémonial.

 

Pourtant, à la mort de la comtesse de Bassanville en 1884, certains journaux lui rendent un éloge vibrant. Tel Le Figaro qui, après s'être moqué d'elle en 1867, rend hommage à cette "excellente femme" qui se donna pour mission de sauver "la politesse française" :

 

"Le savoir-vivre ! Par ce temps de démocratie à outrance, cette qualité si française ne sera bientôt plus qu'un souvenir - étiquette sur un bocal vide, pavillon couvrant une marchandise frelatée […]. Aussi, tout ce qui tend à la faire revivre, à ressusciter cette tradition nationale aujourd'hui dédaignée, à nous ramener vers ces temps où notre France passait, à juste titre, pour la nation la plus policée du globe, s'impose invinciblement à nos sympathies. Et la mort de la comtesse de Bassanville arrive juste au moment psychologique où le Code du Cérémonial devient un livre nécessaire, j'allais presque dire : le Livre."   

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