Écho de presse

Jeux Olympiques modernes : une « trève générale » en 1896

le 29/05/2018 par Pierre Ancery
le 01/08/2016 par Pierre Ancery - modifié le 29/05/2018
Baron Pierre de Coubertin : [photographie de presse] / [Agence Rol]

En 1894, Pierre de Coubertin donne une interview au Siècle à propos du futur rétablissement des Jeux Olympiques, et du rôle politique de la réunion sportive.

En juin 1894, la presse reçoit une invitation pour assister à un congrès international organisé par l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques à Paris, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. L’objet de ce congrès ? Rétablir les Jeux olympiques, disparus depuis l’Antiquité… Les journalistes s’étonnent, comme celui du Siècle qui écrit le 13 juin :

"Rétablir les jeux olympiques ! De quelle façon entendait-on s'y prendre ? Allait-on revoir les- lutteurs aux membres frottés d'huile, les gymnastes aux reins cambrés et les fiers coursiers guidés par d'habiles gentlemen excellant à conduire un char dans la carrière ? Et sous quel costume? Le vêtement ultra-primitif des athlètes grecs serait-il remplacé par le caleçon de Marseille, le maillot de Tom Canrion ou la casaque bigarrée du jockey moderne ?"

Pour répondre à ces questions, il a l’heureuse idée d’aller interviewer le directeur de l’Union, qui n’est autre que le baron Pierre de Coubertin, 31 ans, à l’origine du rétablissement des Jeux. Celui-ci explique en détail dans quel esprit il a imaginé ces nouvelles olympiades.

"Vous pensez bien, me dit M. de Coubertin, que nous n'avons jamais eu l'intention de rétablir les jeux olympiques tels qu'ils se pratiquaient dans l'ancienne Grèce. Ce serait ridicule et nous n'aurions aucune chance de succès. Nous avons seulement adopté cette expression parce qu'elle nous a paru synthétiser mieux qu'aucune autre notre but et nos aspirations. Nous aurions pu, pour être plus clairs, ajouter un mot et dire « les jeux olympiques modernes ». Car nous entendons rester modernes et nous occuper exclusivement des sports actuels. […] Mais il est un des caractères des antiques jeux olympiques que nous entendons conserver, et c'est pourquoi l'expression adoptée par nous rend parfaitement notre pensée. Je veux parler de l’aspect de fête pacifique et internationale que revêtaient les réunions d'Olympie. C'était une trêve générale ; toute hostilité était suspendue. Des représentants de tous les peuples de la Grèce se trouvaient rassemblés, apprenaient à se connaître et à s'apprécier. [...] Aujourd'hui que la question du désarmement est à l'ordre du jour, ce côté de notre entreprise a bien son importance."

Au cours du congrès, Paris est désignée pour accueillir les Jeux de 1900. Mais, à tout seigneur tout honneur, c’est à Athènes que la première édition aura lieu, en 1896.