Écho de presse

Le retour en force de la barbe

le 30/05/2018 par Marina Bellot
le 25/01/2017 par Marina Bellot - modifié le 30/05/2018
Portrait d'homme jeune, barbu et moustachu ; Auguste Hippolyte Collard : 19e siècle - Source : BnF Gallica

Dans les années 30, alors que le look à la garçonne s'impose, la barbe, symbole de virilité et de puissance par excellence, fait son retour.

Années folles. La femme s’émancipe, le look à la garçonne s'impose. Certaines femmes vont jusqu’à l'ultime provocation : revêtir des habits d’homme, cravate et boutons de manchette, canne et monocle.

En 1932, le rédacteur en chef du Petit Journal constate :

"Puisque les femmes s'évertuent de plus en plus à se masculiniser, les hommes se sont dit : « Laissons pousser notre barbe : voilà du moins un attribut masculin qu'elles ne pourront nous emprunter. » Les auteurs qui, dès l'époque de la Renaissance, écrivirent sur le système pileux de la face, ont généralement développé cette idée que la barbe a été donnée à l'homme pour le distinguer de la femme, attester sa puissance génératrice, donner plus d'autorité, un aspect plus imposant à sa physionomie. Ils ont vu dans la barbe l'attribut de la virilité."

Symbole masculin par excellence, la barbe n'est pas seulement un attribut plus ou moins à la mode selon les époques : elle a aussi une utilité médicale, mise au jour par la science dès le XVIe siècle :

"Un médecin de 1706 consacre tout un mémoire à ce sujet et rapporte l'observation d'un malade qui souffrait de furieuses douleurs de dents et n'en fut guéri que lorsqu'il se fut décidé à laisser pousser le poil de ses joues."

Et Le Petit Journal de relater des expériences tendant à confirmer les bénéfices de la barbe sur la santé :

"En 1841, quand on construisit le chemin de fer de Lyon, un médecin observa une cinquantaine d'employés qui s'étaient fait couper la barbe en même temps. Quatorze seulement ne supportèrent aucun dommage de ce changement et s'habituèrent à l'impression de froid qui résulta d'abord de la suppression du poil sur les joues. Mais tous les autres eurent des névralgies dentaires ou faciales, des fluxions, du catarrhe nasal. Ceux qui laissèrent repousser leur barbe furent rapidement débarrassés de ces maux.

En Angleterre, vers la même époque, on publia un relevé statistique comparatif entre les régiments qui portaient la barbe et ceux qui ne la portaient pas. On constata que les soldats des premiers étaient, plus que ceux des seconds, à l'abri des refroidissements, rhumes, catarrhes, etc., etc..."

La mode des figures glabres s'imposera pourtant en Angleterre, dans toutes les classes de la société avant de gagner les autres pays. Conclusion de l’auteur :

"De tout temps, la caractéristique de la mode ce fut d'avoir des raisons que la raison ne connaît pas."

Notre sélection de livres

Le Roman de la femme à barbe
Pierre Véron
Physiologie du barbier coiffeur perruquier
Bataille Jeune de Toul
Physiologie et hygiène de la barbe et des moustaches
Eugène Dulac
Histoire philosophique, politique et religieuse de la barbe chez les principaux peuples de la terre
Adrien Phillippe
Les Barbus d'à-présent et les Barbus de 1800
Étienne-Jean Delécluze