Écho de presse

Le scandale des abattoirs de la Villette

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 07/04/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
La Villette, échaudoirs de moutons, Agence Rol, 1922 - Source : BnF

Les abattoirs de la Villette, haut lieu de la culture alimentaire parisienne, sont jugés indignes dès 1920, trente ans avant leur fermeture pour vétusté.

En 1922, dans la France de l'après-guerre, "les porte-monnaie sont flasques, l'ouvrier est la proie du demi-chômage ; le rentier se serre la ceinture devant un capital écorné ; le fonctionnaire en est réduit à réclamer le maintien de ses 720 francs annuels" mais le coût de la vie ne baisse pas, comme le relève Le Petit Journal du 22 juillet 1922. L'aliment roi qui grève alors les finances des Français est la viande. Or à Paris, les abattoirs de la Villette, créés en 1867 et où est installé le marché à bestiaux de la capitale, sont de plus en plus pointés du doigt pour leur vétusté.

"Il n'est pas une capitale au monde munie d'un matériel aussi primitif, d'échaudoirs aussi malsains, de bouveries et de bergeries aussi insuffisantes alors que certaines villes de province ont des abattoirs flambant neufs", s'indigne Le Petit Journal :

"Avez-vous vu les wagons dans lesquels sont entassées les bêtes ? Sans parler de cruauté, à quelles pertes ce système lamentable n'aboutit-il pas ? Quantité de bêtes crèvent, toutes perdent du poids et de la qualité. Il est évident qu'autrefois, l'âge d'or où l'on avait un épais bifteck pour vingt sous, la mortalité du bétail, la mauvaise utilisation des déchets, les pertes de tous ordres influaient peu, en définitive, sur le prix de vente, qui restait toujours abordable ; il n'en est plus de même aujourd'hui. (...) La nourriture est toujours aussi chère, hélas beaucoup par notre faute, parce que nous gaspillons involontairement, parce que nous nous obstinons dans l'application de méthodes en désuétude."

Ce n'est que près de trente ans plus tard, en 1949, que les abattoirs de la Villette sont officiellement jugés vétustes et que leur reconstruction est décidée. Elle s'avèrera coûteuse et interminable et s'interrompra en 1967, sans que les abattoirs de la Villette ne revoient jamais le jour.