Écho de presse

"L'effroyable mystique de la guerre"

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 21/03/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Les principaux responsables de l'Allemagne et de son réarmement, Agence Meurisse, 1936 - Source : BnF

En mars 1936, les Allemands sont appelés par le régime nazi à voter pour la remilitarisation de la Rhénanie. En France, l'inquiétude est grandissante.

Il y a 80 ans, en mars 1936, les onzièmes élections fédérales allemandes sont organisées par le régime nazi. L'objectif du vote et du référendum : obtenir le soutien populaire à la remilitarisation de la Rhénanie et approuver une liste de candidats à la députation issus du parti unique, le NSDAP. 

Paris-Soir publie une photo des affiches placardées par les hitlériens dans les rues d'Allemagne à l'occasion de la campagne électorale : "Elles montrent l'ancien jeune Allemand (un voyou) et le nouveau (un milicien), les troupes noires sur le Rhin auxquelles ont succédé les hommes de Reichgwehr. Les Juifs ne sont pas oubliés eux aussi."

A la veille du plébiscite allemand, les journaux français relatent les démonstrations de force du Fürher, comme L'Ouest-Eclair, le 25 mars 1936 : 

"A l'occasion du discours que le chancelier Hitler prononce ce soir à la Deutschlandhalle, Berlin a procédé à la plus formidable mobilisation de forces qui se soit vue depuis la prise du pouvoir. Cent mille hommes font une double haie ininterrompue, coude à coude, depuis la Deutschlandhalle jusqu'à la Chancellerie, soit sur une longueur de 12 kilomètres, S.S en noir avec la tête de mort et les os croisés sur la casquette, S.A en longue capote réséda qui tombe jusqu'à terre. Tout le long du parcours, des guirlandes de branches de sapin relient les poteaux d'où, tous les 20 mètres, tombe une oriflamme rouge à croix gammée (...) A certaines fenêtres, des choeurs de femmes encadrées de bougies chantent la gloire du Fürher. Les rues de Berlin ne sont plus qu'une voie triomphale." 

Face à la menace de guerre, c'est aussi l'inquiétude grandissante de la France qui se lit alors dans la presse. Paris-Soir publie la lettre d'un lecteur souhaitant "protester avec la plus grande force contre ce bourrage de crânes, qui nous rappelle, hélas les plus mauvais jours de 1914" : "Si nous avons cru nécessaire de publier cette lettre in extenso, c'est qu'elle est la manifestation vivante de l'état d'esprit d'un grand nombre de nos concitoyens qui se refusent énergiquement à sacrifier à cette effroyable et inhumaine mystique de la guerre inévitable et fatale, écrit le journal. Non, ce n'est pas vrai, la guerre n'est pas inévitable et fatale". 

Le lendemain, le 29 mars 1936, les résultats officiels tombent : les Allemands ont voté "oui" à 97,8 %.

"Ce soir, le peuple allemand a répondu par « oui » à la question de son chef : « Peuple allemand, approuves-tu ma politique ». Mardi prochain, Adolf Hitler aura une réponse à donner au monde : « Peuple allemand et Führer du peuple allemand, apporterez-vous au monde une contribution qui lui permette d'engager des négociations fructueuses sur la réorganisation de la paix européenne ? » ", conclut Le Matin.