Écho de presse

L'épidémie de cancers

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 07/10/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Paul Iribe ; illustration - Source BnF

Au début du siècle dernier, le cancer est une maladie dont on sait encore peu et dont le développement inquiète.

Une épidémie : c'est ainsi que les scientifiques, relayés par la presse, parlent du cancer, dont l'augmentation des cas inquiète au début du siècle dernier.

L'état des connaissances est encore très faible. D'aucuns prétendent pouvoir le guérir par le "vitalisme", comme dans cet article de Médecine nouvelle en 1904 :

"Oui, nous guérissons le cancer, n'en déplaise à tous les officiels qui cherchent encore soit un sérum, soit un emplâtre ou tout autre moyen. Le cancer se guérit tout simplement avec les agents vitalistes suivants : chaleur, lumière, couleur et ondes spéciales, qui ont la propriété d'agir localement et d'arrêter net la douleur."

En 1914, Le Journal publie une enquête dans laquelle il donne la parole à plusieurs médecins qui s'opposent sur l'origine de la maladie et la manière de la guérir. Certains pensent même que le cancer est contagieux...

"On a signalé de nombreux exemples de pays à cancer, d'épidémies de cancer, telle l'histoire de ce village allemand où le cancer, inconnu jusqu'alors, fit de nombreuses victimes après la venue d'un maçon atteint de cancer du rectum."

Seul point d'accord : seul le dépistage le plus en amont possible permet d'enrayer le développement de la maladie.

"La question qui me paraît la plus importante au point de vue du public, ce qu'il faut crier bien haut et imprimer partout ; c'est que le cancer est une affection traîtresse, débutant avec des signes bénins, c'est que toute inégalité de consistance rencontrée par hasard dans un sein, tout trouble menstruel, tout trouble dyspeptique, même en l'absence de phénomènes douloureux, commande impérieusement un examen médical. Cet avertissement s'impose, parce que l'éradication du cancer, qui permet une survie indéfinie, est facteur de la précocité de l'intervention. Pour tout dire en un mot, nous voyons plus de cancers arrivés à la période inopérable que de cancers justiciables d'une intervention complète…"

Dans les années 20, selon des statistiques sans doute en-dessous de la réalité, 40 000 personnes meurent de cancer en France chaque année, et 500 000 dans le monde. Pour alerter l'opinion sur ce fléau qui s'apparente déjà à la maladie du siècle, les journaux n'hésitent pas à jouer la psychose comme L’Ouest-Éclair en 1924 :

"Pour ce qui concerne l'éducation du public, de la grande masse des Candidats au cancer, car sa fréquence est telle que tout homme à un moment venu est un candidat possible au cancer avec un pourcentage de chances impressionnant, il faut l'avertir par tous les moyens de diffusion d'idées possibles, utilisables, que le Cancer au début est remarquablement insidieux."