Écho de presse

L’épopée du Café Anglais

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 14/07/2016 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Café anglais ; Agence Rol ; 1910 - Source BnF

Né en 1802, ce fameux restaurant parisien a accueilli le tout-Paris avant de fermer brusquement ses portes en 1910.

Trois soupers par semaine au Café Anglais et je suis au courant de tout ce qui se dit à Paris”, écrivait Stendhal. Au début du siècle dernier, le restaurant est parmi les plus courus de la capitale.

Mais voilà qu’en 1910, l’immeuble abritant ce lieu célèbre du boulevard des Italiens, à Paris, est brusquement mis en vente. Le journal Le Gaulois retrace alors l’épopée de cet établissement ouvert en 1802 et dont le nom est un hommage au traité de paix d’Amiens signé cette année-là avec l’Angleterre.

“C’est une institution dans Paris, et une institution plus ancienne et plus solide que toutes nos Constitutions. Il date, en effet, d’avant la Révolution (de 1848). Les gouvernements, les Constitutions ont passé, et le Café Anglais demeure.”

Fréquenté dans un premier temps par des cochers et des domestiques, avant qu’acteurs et actrices populaires y aient leurs habitudes, le lieu devient un repaire de chefs d’État et autres personnalités du monde politique.

“Quand nous disons « les fastes du Café Anglais », le mot n’est pas trop fort, car ce restaurant a connu fastueusement tous les chefs d’État, tous les hommes les plus en vue du monde et de la politique. Si ses murs pouvaient parler, ils raconteraient des choses bien intéressantes. (...) Bismarck vint souvent dîner au Café Anglais lorsqu’il était représentant de la Prusse, et en 1867, lorsqu’il était ministre. Le prince de Galles, le roi de Suède, le prince d’Orange étaient parmi les plus assidus ; Édouard VII y est revenu dîner avec la Reine lors de leur dernier séjour à Paris. La reine Isabelle y venait parfois dîner avec sa maison, laissant sa voiture un peu plus loin, pour ne pas être reconnue. Li-Hung-Chang y fit en nombreuse compagnie un dîner des plus fastueux. Le roi Milan était un des meilleurs clients.”

La fine fleur du monde littéraire français s’y pressait aussi : Alfred de Musset, Alexandre Dumas, Eugène Sue comptaient parmi les habitués. On comprend donc que la pancarte “A vendre” ait semé un début de panique au sein de ce cercle de fidèles…

“Qu’on se rassure ! La maison seule va être mise en vente prochainement ; le Café Anglais a un bail et aucun propriétaire nouveau ne voudrait se priver d’un tel locataire. Quel est l’armateur qui, achetant un navire, se priverait volontairement du capitaine qui en fait le succès ? Le Café Anglais ne disparaîtra pas.”

Voilà ce que prédisait Le Gaulois en 1910… À tort : le fameux café a bel et bien fermé définitivement ses portes en 1913.