Écho de presse

Les Gaulois ont bon dos !

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 21/09/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018

Il n'y a pas que les politiques qui convoquent régulièrement l'image de "nos ancêtres les Gaulois"...

La presse française regorge depuis son apparition d'allusions, plus ou moins triviales, à "nos ancêtres les Gaulois". Une seule chose est sûre : ils avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête. Pour le reste, les Gaulois sont affublés de toutes les qualités et leur contraire (pacifistes ou guerriers etc.), selon le message que l'auteur cherche à véhiculer... 

Dans un édito intitulé "Contre la peur", Le Figaro en 1910, renverse la fameuse allusion à leur peur légendaire : 

"Nos bons ancêtres les Gaulois n'étaient inquiets que d'une chose, c'est que le ciel leur tombât sur la tête. Or, le ciel n'est jamais tombé sur la tête de personne autrement que sous la forme anodine de la pluie, de la neige ou de la grêle. Cela n'est rien et il y a des parapluies. En d'autres termes, les Gaulois n'avaient peur de rien. Faisons comme eux. Ce n'est pas très difficile, quand on y songe. Et c'est joli."

En 1883, Le Journal de l'enseignement donne un cours d'"histoire" aux accents patriotes, qui là encore fait opportunément appel aux Gaulois : 

"L'amour de la patrie inné dans le cœur de l'homme, fut un des sentiments les plus vifs de nos ancêtres, les Gaulois. Longtemps, comme tous les peuples primitifs, d'une humeur changeante, ils n'obéirent dans leurs guerres qu'à l'esprit d'aventure, à l'ambition des conquêtes, à la soif du pillage. Longtemps ils furent redoutables dans le monde ancien, et firent retentir sur les bords du Tibre, comme sur les bords du Danube, le mot qu'on leur attribua lors de la prise de Rome, l'an 300 avant Jésus-Christ : malheur aux vaincus ! Mais ce mot écrasant retomba sur eux. Et lorsque leur pays fut menacé par la conquête romaine, ils déployèrent un courage, une obstination qui forcèrent l'admiration de leurs vainqueurs."

Avec une pointe d'ironie, Le Matin relève en 1924 :

 Nos ancêtres, les Gaulois » comme on fait dire aux noirs écoliers du Sénégal n'avaient donc pas tout à fait tort de craindre une seule chose : que le ciel leur tombât sur la tête."

Pas certain en effet que les enfants des colonies s'y retrouvaient tout à fait...