Écho de presse

Les jeunes et le français en 1943

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 10/01/2017 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Lycée Janson de Sailly : la classe philosophie ; Agence Meurisse ; 1923 - Source : BnF Gallica

Sous le régime de Vichy, la crise du français est plus grave que jamais affirme l'écrivain André Billy. L'une des causes : "Les jeunes Français écrivent leur langue de pis en pis parce qu'ils l'entendent parler de pis en pis par leurs parents".

"Spychologie, avanture, débarasser, éxeption, nécéssaire, ils les ont composent, je viens les prendrent, je croyai, je voyai, je distrayai, malgré que je croyai"... Voici quelques-unes des fautes les plus courantes chez nos jeunes aïeux.

En 1943, l'écrivain André Billy prend la plume dans Le Figaro pour rendre compte de l'inexorable crise du français qui plonge selon lui professeurs et académiciens dans le désarroi.

"L'orthographe, la grammaire et la ponctuation sont, dans les classes où jadis la moindre faute marquait son auteur d'infamie, l'objet d'offenses répétées, innombrables, contre lesquelles les professeurs se sentent impuissants et ne protestent plus que pour le principe, avec la conviction de défendre une cause perdue."

Quelle est la raison de ce mal qui va s'aggravant ? Alors que d'aucuns accusent l'influence du roman-feuilleton et du roman policier, des magazines pour la jeunesse et du journalisme en général, et bien sûr de cet art encore récent qu'est le cinéma, André Billy trouve ailleurs le coupable : "le laisser-aller de la conversation"

"Les jeunes Français écrivent leur langue de pis en pis parce qu'ils l'entendent parler de pis en pis par leurs parents. À cet égard, la décadence de la bourgeoisie est effroyable. [...] Le langage, c'est un peu une question de tenue, de maintien... Le tort des femmes d'aujourd'hui est surtout de tolérer en leur présence un horrible débraillé de conversation... Mais, grand Dieu, de quoi suis-je en train de me donner l'air ? D'un ancêtre attardé dans l'admiration des choses révolues. Il est temps que je m'arrête."