Écho de presse

Les révoltés du « Bounty » en 1789

le 23/05/2019 par Pierre Ancery
le 19/07/2017 par Pierre Ancery - modifié le 23/05/2019
Les Révoltés de la "Bounty", par L. Benett - Source Gallica BnF

La mutinerie de l'équipage du « Bounty », épisode mythique de l'histoire de la marine anglaise, fut largement commentée par la presse de l'époque.

C'est un des épisodes les plus célèbres de l'histoire de la marine anglaise. Un des plus romancés aussi : la mutinerie de l'équipage du Bounty, en avril 1789, inspira plus tard un roman à Jules Verne et plusieurs films à succès.

 

Le Bounty était un trois-mâts de la Royal Navy parti d'Angleterre en 1787 avec pour mission de collecter des plants d'arbre à pain à Tahiti puis de les transporter dans les Indes occidentales britanniques. Après une traversée de plus d'un an, le navire, commandé par le capitaine William Bligh, fit escale pendant cinq mois à Tahiti, où les marins profitèrent d'une existence agréable et nouèrent des liens avec les indigènes.

 

En résulta une baisse de la discipline et une détérioration des relations entre l'équipage et le capitaine Bligh, celui-ci infligeant des châtiments toujours plus durs. La Gazette du 28 mars 1790, se basant sur le témoignage de Bligh, raconte ce qui se passa ensuite :

 

"C'est avec beaucoup de douleur que nous rendons compte du funeste accident arrivé au capitaine Bligh, commandant le bâtiment de guerre The Bounty, de 8 canons, parti en décembre 1787 […]. Après un heureux voyage, il était sur son retour pour l'Angleterre, […] lorsque, le 20 avril dernier, il fut surpris dans sa grande chambre par une partie des gens de l'équipage qui, le pistolet à la main, le menacèrent de lui brûler la cervelle, à moins qu'il ne se laissât tranquillement attacher sous les aisselles, et qu'il ne leur révélât tout ce qu'ils désiraient savoir. Les conséquences furent que le capitaine et dix-sept de ses meilleurs amis furent forcés d'entrer dans la chaloupe, et se trouvèrent à la merci des flots avec une très médiocre provision de pain et d'eau."

À la tête de la mutinerie, le second Fletcher Christian, devenu malgré leur amitié initiale le souffre-douleur de Bligh. Les mutins s'emparèrent du navire et abandonnèrent à la dérive sur une chaloupe le capitaine et 18 marins restés loyaux. La chaloupe réalisa alors un incroyable voyage de 6 500 km jusqu'aux Indes orientales hollandaises (future Indonésie).

Après que Bligh a rejoint l'Angleterre en avril 1790, le récit de la révolte du Bounty fait sensation dans toute l'Europe. Peu après, l'Amirauté envoie dans le Pacifique un navire, le Pandora, pour capturer les mutins. La Gazette du 2 avril explique ainsi :

On n'est pas sans espérance de retrouver le Bounty […]. L'équipage révolté, qui s'en est emparé, ne soupçonne certainement pas que les hommes qu'il a exposés dans un bateau découvert, sur une mer peu fréquentée, et à une grande distance de toute contrée connue, aie eu le bonheur de se sauver, et de revenir en Europe. […] Tout fait espérer que les coupables ne resteront pas impunis.

Le 16, le même journal donne des détails sur les raisons de la révolte :

 

"Selon les rapports des officiers et matelots du Bounty, qui sont restés fidèles à leur devoir, et qui ont partagé le sort de leur capitaine, la révolte dont ils ont été la victime, et qui a fait manquer l'objet de leur expédition, a été causée par la passion qu'un des gens de l'équipage avait conçue pour une femme d'Otahiti, et qui ne pouvant renoncer à l'idée de s'en séparer pour jamais, a séduit ses compagnons."

Cet épisode - l'amour de Fletcher pour une Tahitienne - sera souvent mis en avant dans les œuvres de fiction ultérieures. Les mêmes ne manqueront pas, en outre, de dépeindre Bligh en tyran sadique.

 

Les mutins installés à Tahiti furent arrêtés et ramenés en Angleterre pour y être jugés en cour martiale : trois furent pendus. Ceux qui s'étaient installés sur l'île de Pitcairn s’entre-tuèrent. À la redécouverte de l'île en 1808, John Adams était le seul homme adulte de l'île. Aujourd'hui encore, Pitcairn est habitée par des descendants des mutins et de leurs compagnes tahitiennes.