Écho de presse

"Les salauds d'ouvriers"

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 25/10/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Salauds d'ouvriers par Lucien Laforge, L'Humanité du 22 juin 1921 - Source : BnF

Dessinateur pacifiste et libertaire, Lucien Laforge a toute sa vie refusé de se plier aux diktats de la mode, quitte à passer à côté de la célébrité.

"Tout est mort, sauf la bêtise, et les hommes la nourriront comme un chat jusqu'à la fin", écrivait-il.

Viscéralement pacifiste, farouchement contestataire, proche du mouvement libertaire, le dessinateur Lucien Laforge (1889-1952) participa à de nombreux journaux de gauche ou anarchistes il dessina notamment pour Le Journal du Peuple, puis L'Humanité, Clarté ou encore Le Canard enchaîné dans les années 20. Son dessin "Les salauds d'ouvriers" fut publié dans L'Humanité, le 22 juin 1921.

Dans un style épuré, tout en courbes, ses dessins, impitoyables, dépeignent les horreurs de la Première Guerre mondiale et les méfaits du capitalisme, bien souvent à travers des personnages aussi cyniques que cupides comme, dans L'Humanité (“Sur la côte bretonne”, “Petit curieux”, “Encore une”) ou dans L’intransigeant (“Après le tirage”).

Solitaire, asociable, refusant de se plier aux diktats de la mode, il paya le prix de son isolement. Paris-Soir lui consacre un portrait en 1924 :

"Si Lucien Laforge avait consacré aux relations courantes, dont nul ne peut impunément esquiver la servitude, une infime partie des soins qui y sont habituellement dévolus, il n'est pas douteux que ce grand artiste, hautain et tendre, serait aujourd'hui l'un des hommes les plus célèbres et les mieux rentés de sa génération."

Frappé d'un AVC à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il mourut dans la solitude et le dénuement en 1952, à 63 ans.