Écho de presse

L'opium, ce « vice nouveau » venu d'Orient

le 25/05/2018 par Pierre Ancery
le 21/11/2016 par Pierre Ancery - modifié le 25/05/2018
Le Petit Journal, supplément du dimanche ; 5 juillet 1903 - Source RetroNews BnF

En 1903, le Petit Journal s'alarme de l'apparition de fumeries d'opium dans plusieurs villes de France.

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, la fumerie d'opium a exercé une véritable fascination en Occident. L'opium a attiré les poètes, de John Keats à Thomas de Quincey en passant par Edgar Allan Poe, et a enflammé l'imaginaire d'un public avide de mystères extrême-orientaux.

 

Pourtant, le 5 juillet 1903, Le Petit Journal s'alarme de l'apparition de fumeries en France. Dans un article intitulé "Un vice nouveau", le journaliste s'épouvante :

 

« Cherbourg, Toulon et d'autres villes du littoral méditerranéen, Paris même, possèdent maintenant des fumeries d'opium, qui se cachent encore, comme honteuses de leur existence sur notre sol. Ce vice, si dangereux pour la santé physique, morale et intellectuelle de notre race, a été importé en France par quelques fonctionnaires coloniaux, qui l'ont pris à leurs administrés. »

 

Et de décrire la façon dont les drogués procèdent pour l'absorber :

 

« Comme les Chinois ou les Annamites, nos compatriotes ont pris goût au plaisir de tremper la longue aiguille dans le poison qui, chauffé doucement au feu de la petite lampe, se dépose ensuite dans la pipe et s'aspire en une bouffée, procurant une extase d'une idéalité contestable, mais d'un danger certain. »

 

En France, la consommation d'opium resta pourtant très limitée, se cantonnant à certains milieux bien précis : anciens fonctionnaires des colonies, marins, négociants des ports. Marginale en Occident, la consommation d'opium fut en revanche un véritable fléau en Chine. Au XIXe siècle, on comptait des millions d'intoxiqués, et son trafic fut à l'origine des guerres de l'opium, opposant la dynastie Qing à plusieurs pays occidentaux.

 

Ce qui n'empêcha pas les journaux de continuer à jouer avec l'imaginaire mystérieux qui lui était lié. Ainsi, en 1936, la même année que Le Lotus Bleu de Hergé, Le Journal publia un récit de Guy Meunier intitulé Trafiquants de drogue qui traçait le portrait de Boy-Boy, le « seigneur de l'opium ». Le tout illustré de photos jouant à fond la carte de l'exotisme oriental...

 

La consommation d'opium en France fut interdite cinq ans plus tard, en 1908. 

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