Écho de presse

Plongée dans le quartier des Halles au XIXe siècle

le 26/08/2018 par Pierre Ancery
le 23/03/2017 par Pierre Ancery - modifié le 26/08/2018
« Les Halles », par Léon Augustin Lhermitte, 1895 - source : Gallica-BnF

En 1866, un reporter du Figaro nous plonge dans cette zone malfamée que l'on appelle alors « le ventre de Paris ».

Avant d’être le centre commercial que tous les Parisiens connaissent (ou évitent), les Halles de Paris, dans le 1er arrondissement, ont été le principal marché de vente en gros de produits alimentaires frais de la capitale. Le « ventre de Paris », comme on les surnommait, occupe d’ailleurs son emplacement actuel depuis le 12e siècle, époque à laquelle Philippe-Auguste les installa et organisa leur développement.

Les Halles ont longtemps fasciné les écrivains : Émile Zola, par exemple, y planta le décor de son roman Le Ventre de Paris en 1873. Sept ans plus tôt, le 9 août 1866, c’est le journaliste Paul Parfait, du Figaro, qui publie [Voir l'archive] dans les colonnes du quotidien un reportage drôle et vivant au cœur de ce vaste marché :

« Ne vous semblent-elles pas dignes d'une excursion ? Pour être moins loin que le Kamstchatka, elles n'en sont guère plus connues du Parisien. Nous entreprendrons ensemble, si vous voulez, ce voyage. »

Depuis les six pavillons qui abritent les étals des marchands jusqu’aux caves qui servent à emmagasiner leurs provisions, en passant par l’abattoir aux volailles ou le marché aux petit pois et aux haricots, Paul Parfait fait le tour complet du propriétaire.

Surtout, il livre un tableau étonnant du peuple des Halles, décrivant par exemple les « syndics », à la tête des équipes de « forts », terme qui désigne les employés qui font le service de déchargement. Ces derniers se répartissent en plusieurs catégories selon leur produit de spécialité : « les forts au beurre, les forts aux fruits, à la viande, à la farine ».

« Règle générale. Quand vous verrez de par les Halles un grand gaillard à simple moustache, carré des épaules, solide sur sa base, calme, silencieux, actif : c'est un fort. Et quand vous verrez un petit homme rasé, court, replet, joufflu, l'air d'un bon rentier qui flâne, mais fléchissant à chaque pas sous le poids de son abdomen et constamment obligé de s'asseoir pour lui trouver un point d'appui : c'est un syndic. »

En 1960, les Halles seront transférées à Rungis et à la Villette, et avec elles, un pan entier de l’histoire populaire de la capitale.

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