Écho de presse

Qui était Major Taylor, le « Cyclone noir » ?

le 09/11/2018 par Pierre Ancery
le 28/04/2016 par Pierre Ancery - modifié le 09/11/2018
Collection Jules Beau, Photographie sportive : T. 33. ; Jules Beau (1864-1932) ; 1906-1907 - Source BnF

Ce cycliste fut le premier Afro-américain à mener une carrière sportive internationale. Il y mit fin à cause du racisme dont il était constamment victime.

Son nom n'est guère connu aujourd'hui en France, et pourtant Marshall Walter Taylor, dit Major Taylor, est le premier sportif de l'Histoire à avoir franchi la barrière de la couleur pour devenir un champion international. Né en 1878 à Indianapolis, ce cycliste émérite est devenu professionnel en 1896, à l'âge de dix-huit ans. En 1899, il remporte le championnat du monde de vitesse à Montréal.

 

Jusqu'en 1904, il est considéré comme le cycliste sur piste le plus rapide du monde. Ce qui ne l'empêche pas d'être victime du racisme ambiant : exclu d'un grand nombre de courses à cause de la couleur de sa peau, il doit lutter toute sa carrière pour s'imposer comme un compétiteur légitime.

 

Malgré ces attaques, la renommée de celui qu'on surnommait « The Black Cyclone » était immense. Y compris à l'étranger, le cyclisme étant l'un des sports les plus populaires en Amérique et en Europe.

 

En 1910, fatigué des insultes, Major Taylor prend sa retraite. Il meurt dans l'indigence en juin 1932. Le 18 juillet, L'Intransigeant interroge à son sujet le champion Gabriel Poulain, qui l'avait plusieurs fois affronté. Dans cette interview (où les clichés racistes abondent : Taylor est ainsi affublé de son surnom de « nègre volant »), le Français ne cache pas son estime pour son ancien adversaire.

 

« Major Taylor ? nous dit l’ancien champion du monde, une des plus fines, des plus harmonieuses silhouettes de sprinter, en même temps qu’un coureur complet. Je le redoutais, pour ma part, autant que Friel, mon, ami, bien qu’éternel rival, et plus que Franck Kramer, qui, quoi qu’on ait prétendu, n’a jamais été notre maître. »

 

Et de raconter l'affrontement épique qui l'a opposé à l'Américain en 1905, lors de sa venue à Paris. Avant de conclure :

 

« Je ne sais ce qui a pu abréger ses jours, peut-être est-ce la tristesse, la disgrâce de se voir méprisé, insulté dans son pays natal après avoir connu à l’étranger l'admiration et l’hommage enthousiasme des foules. »