Écho de presse

1913 :  « On a retrouvé la Joconde ! »

le 17/08/2019 par Pierre Ancery
le 19/04/2016 par Pierre Ancery - modifié le 17/08/2019
RetroNews : reproduction de la copie de la Joconde exécutée par Aimé Millet

Entre 1911 et 1913, le tableau de Léonard de Vinci disparaît mystérieusement du musée Louvre. On soupçonne Picasso et Apollinaire.

Le 13 décembre 1913, un événement fait la une de tous les journaux français : on a retrouvé La Joconde. En effet, le célèbre tableau avait disparu depuis août 1911. Un véritable scandale national : le préfet Louis Lépine avait aussitôt mis pas moins de soixante enquêteurs sur l'affaire. L'affaire provoqua la démission du directeur du Louvre et la revue L'Illustration proposa cinquante mille francs à quiconque ramènerait le tableau de Léonard de Vinci aux locaux du journal. En vain, il demeurait introuvable. On soupçonna même Apollinaire et Picasso d'avoir fait le coup !

Alors, où était-elle passée ? L'Humanité, entre autres, donne la réponse en titre :

« Un Italien l'avait dérobée et cachée à Florence. »

Et en effet, le voleur était l'Italien Vincenzo Perrugia, vitrier de son état, qui avait participé aux travaux de mise sous verre de certains tableaux du Louvre. Pendant deux ans, il avait conservé la toile dans sa chambre, sous son lit... L'alerte fut donnée le 10 décembre 1913 par un antiquaire florentin à qui Perrugia avait proposé de revendre La Joconde.

Pendant son procès, il dira avoir volé le tableau par patriotisme, croyant (à tort) que ce dernier avait été emporté par Bonaparte lors de la campagne d'Italie. Ce qui fait écrire à L'Humanité du 13 décembre :

« Il a volé la Joconde pour venger l'Italie du pillage de ses musées par Napoléon 1er. Vous rappelez-vous que, parmi les nombreuses hypothèses qui furent émises au moment du vol, celle qui trouva le plus de créance présentait le rapt de la Joconde – un tableau invendable, parce que trop connu – comme le fait d'un fou. Cette hypothèse se trouverait ainsi confirmée. »

Et le journal de revenir sur les circonstances de la disparition du tableau près de deux ans plus tôt  :

"C'est le mardi 22 août 1911 que l'on s'apperçut de la disparition de la Joconde. Elle avait été volée dès la veille. Mais les gardiens croyaient que la belle Mona Lisa se trouvait chez le photographe Braun et il ne s'inquiétaient pas. Le lendemain, la nouvelle fut répandue dans Paris, causant une stupéfaction profonde. Mais l'hypothèse du vol rencontrait nombre de sceptiques."

Les journaux revienent sur l'impression de la nouvelle à Paris, sur ce qui se dit au Louvre où les conservateurs attendent de voir de leurs yeux La Joconde pour finalement l'authentifier. Le vol du tableau fait désormais partie de son histoire, comme le souligne le 28 décembre l'illustration à la une du Petit Journal Supplément du Dimanche : "L'Histoire d'un chef-d'oeuvre" y est retracée en trois étapes, depuis son achat par François Ier jusqu'au retour en passant bien évidemment par "le rapt". Ces deux derniers événements ont "fait trop de bruit dans le monde pour qu'il y ait aujourd'hui un seul Français qui en ignore les détails", précise le journal.

Vincenzo Perrugia ne sera condamné qu'à dix-huit mois de prison (la presse italienne saluera son patriotisme !). Aujourd'hui, la belle au sourire le plus célèbre du monde est protégée par une vitre blindée munie de plusieurs détecteurs de proximité et est placée sous la surveillance constante de caméras. Bonne chance aux futurs voleurs...