Écho de presse

Roland Garros et son "atmosphère d'élégante intimité"

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 23/05/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
M. Lebrun et autres personnalités à la tribune officielle : la partie de Cochet (à droite) contre Alisson. Roland Garros. Coupe Davis ; Agence Mondial Photo-Presse; 1932 - Source BnF

Le tournoi de Roland Garros, l'un des plus médiatisés au monde, a fait couler beaucoup d'encre dès sa création.

Créés en 1925, les Internationaux de France se tiennent tous les ans depuis 1928 à Roland Garros. Avant même le premier tournoi, le stade est auréolé de prestige, comme le montre cet article du Figaro :

"Dans le magnifique cadre de verdure des serres de la Ville de Paris, à la porte d'Auteuil, quelques ouvriers travaillent à l'édification du nouveau stade de tennis qui portera le nom de Roland Garros et servira à la finale de la Coupe Davis et aux championnats internationaux. Des ouvriers arabes ou algériens passent interminablement le pesant rouleau sur le court d'un rouge vif. — Il sera prêt dimanche ? demande un passant au chef d'équipe. — Hélas ! oui, monsieur. Je dis hélas ! Parce que c'est le plus beau court que j'aie fait de ma vie. Ils vont jouer là-dessus et l'abîmer. Quel dommage !"

Devenu rapidement l'un des tournois les plus médiatisés au monde, Roland Garros intéresse tout autant pour la difficulté de la compétition que pour les "à-côtés" dont se délectent les journalistes :

"Malgré son titre pompeux de Championnats internationaux de France, la compétition de tennis qui se dispute au stade Roland Garros se déroule dans une atmosphère d'élégante intimité. On y voit les habitués de la Faisanderie et de la Croix-Catelan, et il est très chic de pouvoir parler des as de la raquette avec quelque familiarité. C'est ainsi qu'on n'entend jamais dire : — Lacoste et Mlle Bourgeois jouent en ce moment sur le central. Mais bien : — Yvonne et René jouent sur le central. Ou bien : — Jean (Borotra) a été extraordinaire et Henri (Cochet) faiblard. Quant à Toto (Brugnon), il est dans une forme... Ainsi, on a l'air d'être tout à fait de la compagnie."

Et quand l'ambiance n'est pas au rendez-vous, c'est le légendaire chauvinisme des Français qui est mis en cause, comme dans la rubrique "Autour du court" de Paris Match en 1933 :

"La médiocrité des performances réalisées par les joueurs français n'est pas étrangère au défaut d'« ambiance » déploré... Les Français sont chauvins, comme chacun sait, en quoi ils s'apparentent d'ailleurs aux citoyens de la plupart des autres pays. Et l'intérêt qu'ils portent aux luttes est directement fonction du succès qu'y remportent leurs compatriotes. Surtout au tennis."