Écho de presse

Vendredi 13, "préjugé tenace" et "croyances ridicules"

le 29/05/2018 par Marina Bellot
le 12/01/2017 par Marina Bellot - modifié le 29/05/2018
Le Journal Amusant du 04/08/1923 - Source : BnF RetroNews

La presse française se délecte des croyances populaires liées au vendredi 13, enracinées en France jusque dans les années 20.

Hier comme aujourd'hui, la presse fait ses choux gras des superstitions liées au vendredi 13, particulièrement vivaces en France jusque dans les années 20, où elles commencent à décliner.

Véritable marronnier, ce jour particulier est l'occasion pour les journaux d'enquêter chez les superstitieux, de faire témoigner des personnalités, de raconter les tocs des artistes et de rapporter des "choses vues" en tout genre, comme l'histoire de ce respectable académicien quittant précipitamment la table à laquelle il est convié à l'instant où il s'aperçoit qu'elle compte, avec lui, 13 hôtes.

Il faut dire que la croyance est fermement ancrée en France. "Un préjugé tenace", rapporte Le Figaro dès 1885.

À lire la presse, le vendredi 13, les rues se vident, les théâtres sont fuis et les transports en commun désertés.

Pourtant, note Gil Blas en 1907, "un président de la Chambre des députés de France n'a-t-il pas eu la coquetterie de faire sa demande en mariage un 13, de se marier un 13 ? Il est vrai que, depuis, il n'a pu reconquérir son fauteuil présidentiel, mais, en amour, et c'est l'essentiel, il demeure toujours heureux." Quant à Napoléon Ier lui-même, poursuit le journal :

"Cinq vendredis ont joué un grand rôle dans sa vie et sa mort. Quatre vendredis, y compris le posthume, ont été heureux. Le vendredi 13 marque même un des plus beaux jours. C'est le vendredi 13 décembre 1799 qu'il est nommé premier consul."

Toute la presse ne badine cependant pas avec le vendredi 13.

En 1908, La Lanterne, journal satirique à tendance anticléricale, s'attaque violemment à ces croyances et entreprend d'énumérer quelques-uns des comportements "que des siècles de foi religieuse ont enraciné dans le peuple" :

"On voit, dans le Limousin, des bergers attacher au bout de leur houlette un papier portant le nom de saint Basile, afin de préserver leurs brebis du fâcheux loup ; et, dans les campagnes, il y a des tas d'imbéciles qui ne mangent pas de choux le jour de la fête d'Étienne, sous prétexte que ce saint alla se cacher sous des crucifères pour échapper à des individus qui voulaient l'écorcher. Et mille autres croyances plus ridicules encore ; et qui subsistent.

Encore aujourd'hui, la prêtraille entretient la superstition chez sa clientèle : les jeunes Bretonnes des Côtes-du-Nord ne vont-elles pas chaque année en procession, avec des frocards, piquer des épingles dans le nez d'un saint pour trouver un mari ? Et le pape n'envoie-t-il pas sa bénédiction aux crétins qui vont traîner leurs guêtres à Lourdes ?"