La mort de Louis XVIII (16 septembre 1824) (cf. le dossier sur la mort de Louis XVIII) et l’avènement de Charles X (24 septembre - icono 1) marquent la fin du compromis fondé par la Charte constitutionnelle de 1814 entre principes révolutionnaires de 1789 et pouvoir monarchique fort. Charles X (roi de 1824 à 1830), très dévot voire bigot, veut renouer avec la dimension sacrale de la monarchie française, qu’il considère de droit divin. Louis XVIII, pour des raisons de santé et un souci de pacification de la société, avait préféré y renoncer.
La loi du 15 janvier 1825 accorde des crédits de 6 millions pour liquider les frais des funérailles de Louis XVIII et financer les préparatifs du sacre : restauration des bâtiments, aménagement et décoration de la cathédrale de Reims (icono 4) et du palais archiépiscopal, construction d’arcs de triomphe (icono 2). Charles X veut une cérémonie fastueuse : il a commandé entre autres un carrosse majestueux couvert de feuilles d’or (icono 3 et vidéo) et un opéra à Rossini (Le Voyage à Reims).
Charles X quitte Paris le 24 mai pour Compiègne, première étape où sont organisées des festivités et des distractions cynégétiques. Le cortège royal entre dans la ville de Reims le 27 mai 1825, vers 11h45, annoncé par un salve de 101 coups de canons (Le Constitutionnel, 30 mai 1825). Le sacre en lui-même commence le 29 mai au matin (iconos 5 et 6) : il est le mieux connu et le mieux documenté de l’histoire des sacres (Le Petit Journal, 30 août 1902). La presse décrit avec précision la magnificence de la cérémonie et de ses décorations (Le Journal des débats, 29 mai 1825). Des regalia et les costumes royaux ont été conservés et parfois exposés comme en 1909 (icono 8).
La cérémonie suit l’ordo traditionnel du sacre des rois de France, tel qu’il a été défini au Moyen Âge. Après une veillée de prière, le roi reçoit le saint chrême, contenu dans la sainte Ampoule, par l’archevêque de Reims, réactivant le mythe de la continuité dynastique des rois de France depuis Clovis. Il reçoit ensuite les regalia : le sceptre, la main de justice, l’épée dite de Charlemagne et enfin la couronne. La cérémonie s’achève sur l’acclamation « Vivat rex in aeternum » et sur un Te Deum (Le Journal des débats, 30 mai et 31 mai 1825, Le Constitutionnel 31 mai 1825). Après avoir hésité, il décide de 31 mai d’achever le sacre par la cérémonie thaumaturgique du toucher des écrouelles dans la chapelle de l’hôpital Saint-Marcoul (Le Journal des débats, 2 juin 1825). Selon la tradition apparue au Moyen Âge, l’onction du sacre confère un pouvoir miraculeux aux rois de France, qui peuvent ainsi soigner par simple toucher les écrouelles, c’est-à-dire des ganglions anormaux au niveau du cou. Ce rite renvoie explicitement à la dimension sacrale et religieuse de la monarchie française.
Charles X s’appuie sur le clergé et les ultras qui dominent la vie politique des élections de 1820 à celle de 1828. La décision de Charles X de se faire sacrer s’inscrit ainsi dans un contexte d’apogée de l’alliance entre le Trône et l’Autel, pierre angulaire d’une politique réactionnaire qui vise à extirper les héritages révolutionnaires (liberté de culte, liberté de presse, égalité civile) et à restaurer les principes de l’Ancien Régime.
Le ministère Villèle (1821-1828) est perçu comme un instrument de la réaction nobiliaire et cléricale et de lutte contre l’opposition libérale (épuration des universités et rétablissement de la censure). Il fait voter par les Chambres la loi du sacrilège en janvier 1825 qui punit le vol d’objets sacrés dans les églises et prévoit la peine pour les parricides en cas de profanation ; en avril 1825 la loi dite « du milliard de émigrés » assure l’indemnisation des nobles dont les biens ont été confisqués et vendus durant la Révolution (par des titres de rente à 3%).
En dépit de l’accueil enthousiaste des Rémois, le sacre suscite de fortes réticences dans l’opinion publique. Le gouvernement et les ultras développent une intense propagande royaliste. Le jeune Victor Hugo, ultra convaincu, consacre une ode ampoulée à Charles X, le peintre Gérard réalise un tableau, Le Sacre de Charles X, qui est exposé au Salon officiel de 1829 (icono 7). Certaines odes au sacre sont parfois reproduites dans la presse (Le Journal des débats, 30 mai 1825).
Le sacre de Charles X revêt une dimension anachronique pour les contemporains qui montre l’incapacité de Charles X à comprendre les mutations socio-politiques de la France depuis qu’il l’a quittée en 1789. Les caricatures se multiplient contre le roi, représenté en jésuite ou soumis aux jésuites (icono 9, icono 10 et icono 11). Le chansonnier Béranger ridiculise le couronnement de Charles X dans son Sacre de Charles-le-Simple et est condamné pour offense à la personne du roi en 1828 (Le Constitutionnel, 11 décembre 1828). Des journaux libéraux dénoncent également le coût excessif du sacre et entreprennent une campagne contre le clergé et les journaux royalistes comme La Quotidienne (Le Constitutionnel, 9 juin 1825).
Des ultras comme Chateaubriand regrettent sa dimension ostentatoire et la présence parmi les acteurs du sacre d’anciens maréchaux d’Empire. D’ailleurs dans ses Mémoires d’outre-tombe, il parle de cette cérémonie comme d'une « représentation d’un sacre et non un sacre » (Le Temps, 17 mai 1909).
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« Plus nous avancerons dans un régime libéral, plus il sera prouvé que la liberté constitutionnelle est aussi favorable à la stabilité des gouvernements qu’au bonheur des peuples » défend Le Constitutionnel qui aspire à une monarchie parlementaire mais aussi invite le roi à « gouverner conformément aux lois du royaume et [à] observer fidèlement la charte constitutionnelle », dénonçant implicitement les ultras hostiles à la Charte et à la politique réactionnaire de Charles X qui dénie toute souveraineté de la nation et refuse la monarchie constitutionnelle. « Que peut craindre un roi qui appuie son pouvoir sur les intérêts de la nation ? » : Charles X en fait l’expérience quand il promulgue les 4 ordonnances liberticides qui sont à l’origine de la Révolution de 1830.
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La cérémonie du sacre reflète le basculement de la Restauration dans la Réaction : elle fait de Charles X un roi de droit divin, qui aspire à restaurer l’Ancien Régime. Il accepte toutefois de prêter serment à la charte constitutionnelle que dénonce les ultras : « En présence de Dieu, je promets à mon peuple de maintenir et d’honorer notre sainte religion, comme il appartient au Roi très chrétien et au fils aîné de l’Église ; de rendre bonne justice à tous mes sujets ; enfin de gouverner conformément aux lois du royaume et à la Charte constitutionnelle, que je jure d’observer fidèlement ; qu’ainsi Dieu me soit en aide et ses saints Évangiles ». Cette cérémonie reflète la montée du cléricalisme du régime : le catholicisme est redevenu religion d’État et les Français des « sujets ». C’est une manière de rejeter le principe de souveraineté de la nation.
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