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L’exposition universelle de 1900

le par - modifié le 05/08/2020
le par - modifié le 05/08/2020

Le 14 avril 1900, l’Exposition universelle intitulée « Le bilan d’un siècle » est inaugurée par le président de la République, Émile Loubet.

Une exposition aux enjeux multiples

51 millions de visiteurs vont se presser sur les rives de la Seine, entre le 15 avril et le 12 novembre 1900, pour assister à une exposition exceptionnelle. La France escompte ainsi impressionner les nations en présentant plusieurs centaines de bâtiments de tous styles. Seuls le Grand Palais, qui succède au palais de l'Industrie construit en 1855 et le Petit Palais qui lui fait face sont destinés à être pérennisés. Il s’agit aussi de mettre en valeur les richesses de l’empire colonial, de célébrer l’amitié franco-russe (d'où la construction du pont Alexandre III), d’affirmer l'excellence française dans le domaine technologique (l’invention du cinématographe ou la découverte du radium). C'est Paris « Ville lumière » qui s'expose et le style 1900, beaucoup plus académique et imposant. 

Grand globe céleste. Exposition Universelle de 1900 - source : Gallica-BnF
Exposition universelle Paris 1900, Richer Maurice Louis - source : Gallica-BnF

Une presse qui n’est pas toujours dupe…

Le discours d’inauguration du président Émile Loubet est repris le lendemain dans Le Matin du 15 avril 1900. Mais le récit que fait le jeune journaliste Gaston Leroux de sa visite est loin d’être louangeur : 

« Eh bien ! Il faut avoir le courage de le dire : ce qu’on a inauguré hier, c’est une salle des Fêtes, une allée sablée, quelques façades plus ou moins achevées, un pont où il ne manque plus un boulon ; mais ce n’est pas l’Exposition universelle de 1900. D’exposition, il n’y en a pas encore. Il y a des trous béants, des palais vides, des vitrines démontées, des caisses d’emballage, des madriers épars, des casse-cou, des trompe-l’œil- et rien à voir. » 

Il alerte le public :

 « Il est inutile de se presser attendu qu’elle n’est pas prête. » 

 Dans le supplément gratuit de L’Écho de Paris, le point de vue de l’auteur de l’article rejoint celui de Gaston Leroux mais il se montre plus optimiste et prophétise « un bruyant succès » : 

« Au surplus, il restera toujours à  la curiosité des foules assez d’appât pour qu’on soit assuré, dès le premier jour, dès ce dimanche de Pâques, qu’il fait souhaiter de voir beau, pour qu’on soit certain d’un bruyant succès. Le nombre sera considérable des Parisiens et surtout des Parisiennes, qui mettront un point d’honneur à être vu du « premier vernissage », tout le moins à aller, le lendemain de l’inauguration officielle, faire un tour parmi les palais, même inachevés, dans les galeries, fussent-elles encore moins complètement meublées. »  

Le journal Gil Blas (15 avril 1900), au ton assez allègre, chante « le petit air de fête et de printemps » à Paris en ce jour d’exposition, puis lui aussi ironise sur « les caisses d’emballage » qu’on inaugure et sur l’absence de personnalités :

 « Pas le moindre grand duc ! Pas le plus infime potentat colonial ! La foule ! La foule !… Et Loubet ! ».

Trois mois plus tard, les critiques semblent bien loin et le supplément du dimanche du Petit Journal ne tarit plus d’éloges sur l’exposition : 

« Jamais et nulle part, on n’a réuni autant de curiosités, de merveilles, d’attractions de toute nature, de spectacles éblouissants et somptueux, et les plus blasés, les plus sceptiques, en présence d’un ensemble aussi grandiose, sentiront leur cœur palpiter d’une patriotique admiration. »

Les pavillons de l'Exposition universelle de Paris en 1900, Édouard-Alfred Martel - source : Gallica-BnF
Pavillon de l'Italie, Edouard-Alfred Martel - source : Gallica-BnF

Bibliographie

Jean-Christophe Mabire, L'Exposition universelle de 1900, Paris, L'Harmattan, 2000.


Isabelle Collet et Dominique Lobstein (dir.), Paris 1900 - La ville spectacle, Paris, Paris-Musées, 2014.