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L’Exposition coloniale de 1931

le par - modifié le 05/08/2020
le par - modifié le 05/08/2020

Le 6 mai 1931 l’Exposition coloniale internationale ouvrait ses portes au bois de Vincennes. Tout un chacun pouvait ainsi pour quelques sous faire "le tour du monde en un jour"  et admirer les richesses d'une France impériale à l'apogée de sa puissance et de sa propagande...

« La plus grande France »

Cette exposition s’inscrivait alors dans une longue tradition. Dès 1889, à Paris, les colonies étaient représentées au sein de l’Exposition universelle. Ce n’est qu’à partir de 1913 qu’émergeait le projet d’une exposition entièrement consacrée aux colonies, projet que le contexte international, les crises, la Première Guerre mondiale vinrent reporter.

Il fallut attendre 1927 pour que le maréchal Lyautey, à la demande du président du Conseil Raymond Poincaré, en reprenne l’idée. Lyautey y voyait l’occasion de célébrer l’œuvre coloniale de la France, l’Empire et ses ressources ainsi que les réalisations de la métropole et des missions.

Les Français devaient, lors de leur parcours, découvrir l’Empire et ceux qu’on appelait alors « la plus grande France ». Avec cet itinéraire, conçu de manière ludique et surtout pédagogique, chacun devait comprendre que les colonies formaient une source essentielle de la puissance nationale.

Cette propagande coloniale était en grande partie relayée par la presse française.

Exposition coloniale, inauguration du pavillon hollandais : de gauche à droite, Olivier Reynaud, Cock Ambassadeur de Hollande, T. Reynaud et Lyautey ; Agence Meurisse, Paris, 1931 - source : Gallica-BnF

La presse et la propagande coloniale

Exposition coloniale internationale,Section de Madagascar, Paris, 1931 - source : Gallica-BnF

Dans les années 1920,  le nombre de titres qui abordent les questions coloniales, et ce dès la première page, se multiplie. De grandes enquêtes et des reportages sont publiés dans Le Petit Journal sous la plume, entre autres, d’Albert Londres. 

 En mai 1931 est créé le supplément colonial du Temps.

 L’Écho de Paris, très populaire, propose aussi régulièrement une page coloniale ainsi que L’Intransigeant le 18 mai 1931.

Même la presse littéraire et artistique comme Le Bulletin de l’art ancien et moderne s’intéresse à ces questions et s’interroge sur l’influence de l’Exposition sur les arts. Tous participent à leur manière à l’élargissement de la conscience coloniale française, tout en reflétant l’engouement des Français pour l’Exposition. Plus de 8 millions de visiteurs se sont ainsi pressés autour du lac Daumesnil, certains revenant à plusieurs reprises (30 millions de billets on été vendus).  

Exposition coloniale : vue d'ensemble des missions catholiques et protestantes, Agence Meurisse, Paris, 1932 - source : Gallica-BnF

L’Exposition a constitué ainsi le moment colonial par excellence et a marqué une union nationale, éphémère, derrière l’Empire. Elle s’est déroulée à un moment où la contestation anti-impérialiste se développait avec une contre-exposition intitulée « La Vérité sur les colonies » issue d’une collaboration entre le Parti communiste français et la Confédération générale du travail unitaire. Il s’agissait de démystifier les images reçues lors de l’Exposition.

Une fois l’Exposition achevée, la propagande coloniale a faibli dans la presse de droite classique. Le Temps colonial disparaît et Le Figaro a supprimé sa rubrique coloniale. Par contre, le thème est resté très présent dans la presse nationaliste, comme L’Action Française.

Exposition coloniale : Sénégalais vendant à des parisiennes , Agence Mondial, Paris, 1932 - source : Gallica-BnF
Exposition coloniale : les barques indochinoises, Agence Meurisse, Paris, 1931 - source :Gallica-BnF
La démolition du temple d'Angkor Vat : Exposition coloniale, Agence Mondial, Paris, 1932 - source : Gallica-BnF