L’exposition, prévue dès 1906, est repoussée à plusieurs reprises et retardée en raison de la Première guerre mondiale. Elle finit par ouvrir en avril 1925 sur les bords de la Seine et se pose en réaction par rapport aux expositions précédentes et contre l’exubérance du style 1900 et de l’Art nouveau, même si la Gazette des beaux-arts tient à la resituer dans un contexte plus large et à rappeler la filiation avec les expositions antérieures. L’exposition se veut internationale (et non universelle car elle ne touche pas toutes les activités humaines) et résolument moderne.
Dans la revue Art et décoration, le critique d’art Guillaume Janneau, en préalable à l’exposition, fait la distinction entre les artistes modernes et les contemporains. Selon lui « est d’esprit moderne qui trouve à regarder les grandes réalisations de l’industrie nouvelle – autos, avions, vaisseaux – un plaisir de même qualité que celui qu’éprouvaient nos pères, en voyant défiler sur les Champs Elysées, les calèches bien attelées de Constantin Guys ».
L’exposition se signale par quelques pavillons étrangers comme celui conçu par Peter Behrens pour l’Autriche ou par Victor Horta pour la Belgique. Cependant c’est avant tout une vitrine du style Art déco français et l’expression d’une grande unité artistique, à une exception : le pavillon de l’Esprit nouveau par Le Corbusier qui niait l’art décoratif et représentait alors l’avant-garde. Les grands magasins parisiens, comme les Galeries Lafayette ou le Bon Marché, présentent des « ateliers » qui exposent des ensembles décoratifs et mobiliers. Ainsi La Revue de l’art ancien et moderne salue ces créations et insiste sur l’atelier d’art Primavera fondé par M. Laguionie et le Printemps.
Les constructions se distinguent par la prépondérance « accordée aux éléments d’ordre utilitaire exclusifs de toute intention expressive » pour reprendre les termes de la revue Art et décoration. De grands noms de l’architecture participent à l’exposition, ainsi Auguste Perret qui réalise un théâtre provisoire pour l’exposition. Cet édifice éphémère est salué par La Revue de l’art ancien et moderne comme l’œuvre « la plus pure de l’exposition » et parle d’ « innovations sensationnelles ». Perret y démontre la suprématie de l’ossature et s’efforce de matérialiser un rapport nouveau entre les acteurs et les spectateurs avec « trois scènes dont on peut disposer à la fois ou séparément » et un éclairage uniforme.