Le 17 juin 1816, la frégate La Méduse quittait Rochefort sous les ordres du commandant Chaumareys pour reprendre possession du Sénégal, colonie restituée par l’Angleterre suite à l’abdication de Napoléon Ier et au traité de Paris signé en 1815. Il s’agissait pour la France de contrôler cette porte vers l’Afrique de l’Ouest et l’Atlantique, un enjeu géostratégique majeur.
Quatre cents personnes environ partent ainsi en expédition vers le Sénégal, des marins, des militaires mais aussi des artisans, des commerçants… (iconos 1 et 2). Chaumareys, un ancien émigré qui n’a pas navigué depuis longtemps, commet des erreurs ce qui provoque l’échouement de La Méduse. Le 5 juillet il décide d’abandonner le navire et évacue les passagers sur des canots et un radeau de fortune qui file à la dérive. Sur les 147 passagers, essentiellement des militaires, seulement 15 seront sauvés après 12 jours d’errance marqués par la faim, la soif, des mutineries, des répressions sanglantes, des sacrifices et des cas d’anthropophagie (iconos 3, 4, 5, et 6).
Sur les 15 rescapés, 5 meurent quelques jours plus tard et 10 sont ainsi en mesure de témoigner. Le chirurgien Jean-Baptiste Savigny rédige alors un rapport pour le ministre de la Marine, le vicomte du Bouchage, un ultra, qui soulève la question des responsabilités. Decazes, ministre de la Police, quant à lui plutôt libéral, en fait publier de larges extraits dans Le Journal des débats les 8 et 13 séptembre 1816 (contre la volonté de Savigny qui proteste le 15), organe de presse royaliste. Ce qui déclenche l’affaire et provoque la démission de du Bouchage qui avait nommé l’incompétent Chaumareys commandant. Arrêté et jugé, ce dernier est radié de la Marine et emprisonné.
En 1817, Savigny et Corréard, un autre survivant, publient un récit sensationnel de la tragédie, grand succès de librairie. Théodore Géricault, jeune peintre de retour d’Italie, se passionne pour l’affaire et rencontre les auteurs du livre. Il choisit de représenter le moment où les passagers du radeau aperçoivent L’Argus qui va les sauver. Présentée au Salon de 1819, la toile déclenche les passions, par son audace, sa composition, le choix d’un sujet d’actualité… Le naufrage de La Méduse fera également l’objet de nombreux spectacles et créations (iconos 7,8, 9 et 10).