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Les premiers Jeux olympiques modernes de 1896

le par - modifié le 22/06/2023
le par - modifié le 22/06/2023

Pour tout sportif, les Jeux olympiques ont un statut à part. Compétition sportive internationale par excellence, les Jeux olympiques modernes, restaurés en 1896, sont très éloignés des jeux actuels. Les premiers jeux modernes, ceux d’Athènes en 1896, s’inscrivent dans un contexte particulier.   

Un événement international

Persuadé qu’il est nécessaire de diffuser la pratique sportive au sein de la population, Pierre de Coubertin reprend l’idée de restaurer les Jeux olympiques. Des tentatives ont déjà eu lieu durant le XIXe siècle avec William Penny Brookes qui a fondé une Olympian society dans les années 1850. En 1894, le premier congrès olympique, réuni par l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, vote le rétablissement des jeux olympiques et s’oppose à la diffusion du professionnalisme dans le sport.

Les Jeux olympiques sont restaurés à une époque où les rencontres internationales se multiplient (22 Expositions universelles depuis la première qui s’est tenue à Londres en 1851, congrès scientifiques internationaux...). D’ailleurs, les Jeux olympiques se tiennent, jusqu’en 1908, dans la ville accueillant l’Exposition universelle (Paris en 1900, Saint-Louis en 1904).

Les conditions matérielles permettent la tenue d’un événement à l’échelle mondiale avec le développement des moyens de transport et de communication. L’essor de la presse, notamment sportive, permet de donner de l’écho aux épreuves sportives.

Le choix d’Athènes permet à la Grèce renaissante de tirer parti du déroulement des Jeux en s’affirmant sur la scène internationale. Dès la première olympiade, la dimension internationale du projet se trouve confrontée aux ambitions des nationalismes. Les Jeux olympiques sont un cadre idéal pour le jeu diplomatique. La venue du roi de Serbie, accueilli par le roi de Grèce, est l’occasion de montrer l’alliance unissant les deux pays.

L’esprit des Jeux olympiques modernes

Pour Pierre de Coubertin, l’olympisme moderne est comme une religion puisque le sport est un lieu de rencontre et de prières collectives. Dès lors, le sport est présenté comme une valeur positive puisque seul le meilleur peut gagner en respectant les règles, l’arbitre et ses adversaires. Par son comportement exemplaire, le sportif se rapproche de l’idéal chevaleresque. Cet état d’esprit est celui qui transparaît dans la devise « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») du CIO en 1894.

Les premiers jeux olympiques modernes sont réservés aux amateurs. À l’exception des maîtres d’armes, aucun professionnel n’est accepté dans la compétition. Cette décision prise par le Comité international olympique (CIO) correspond à la politique menée en faveur de l’amateurisme, érigé en valeur olympique. Pierre de Coubertin en reprenant les propos de l’évêque de Pennsylvanie, en 1908, dira que « l’essentiel n’est pas de gagner mais de participer ».

Ces premiers Jeux olympiques modernes sont organisés avec une volonté de cosmopolitisme, d’élitisme, de paternalisme et d’antimercantilisme. Toutefois, si les sportifs professionnels sont refusés, ils ne sont pas les seuls car les femmes également ne sont pas admises.

Pierre de Coubertin (1863-1937) 

Historien et pédagogue français, Pierre Fredy baron de Coubertin découvre la pratique sportive lors de ses séjours en Grande-Bretagne. Considérant que l’éducation physique donnée dans les établissements scolaires britanniques est l’une des causes de la puissance du pays, il mène une campagne pour le développement du sport en France en présidant notamment l’USFSA. Il œuvre pour l’organisation des Jeux olympiques modernes, dont les premiers se tiennent à Athènes en 1896. Ses prises de position colonialistes et misogynes et le soutien apporté au régime nazi en 1936 en font un personnage contesté.

Baron Pierre de Coubertin, Agence Roll, 1921 - source : Gallica-BnF

Les épreuves sportives

Le Sport universel illustré ; 1er octobre 1895 - source : Gallica-BnF

Le CIO, en décidant de la tenue des premiers Jeux olympiques modernes à Athènes, propose un retour aux sources de l’olympisme. Le comité d’organisation rencontre de nombreuses difficultés. Mais malgré celles-ci, l’ancien stade de Lycurgue, au pied de l’Acropole, est restauré grâce au mécénat. C’est dans ce stade que se tient la cérémonie d’ouverture le 6 avril 1896. De nombreux journalistes sont envoyés à Athènes et relatent avec précision des épreuves, à l'instar de Raoul Fabens pour La Nouvelle Revue ou Hugues Le Roux pour Le Figaro

 

 

«Une des épreuves qui exitaient le plus de curiosité et d'attente était le lancement du disque. On sait qu'il s'agit de jeter d'une seule main, à une grande distance, une sorte de palet en métal, glissant sous les doigts, lourd comme une haltère. Le mouvement est enveloppé de grâce. »

Le programme olympique contient 7 catégories de sports : sports athlétiques, gymnastique, escrime et lutte, sports nautiques, cyclisme, équitation et jeux athlétiques -cricket, tennis. Près de 214 sportifs venant de 14 pays ont été comptabilisés.

Le vainqueur reçoit une médaille en argent et un rameau d’olivier, le second une médaille en cuivre, lors de la cérémonie de clôture. Le sportif le plus médaillé est l’Allemand Carl Schuhmann (gymnastique et lutte). La délégation – même si ce terme est anachronique – qui remporte le plus de médailles est la délégation des États-Unis devant celle de la Grèce puis de  l’Allemagne.

Le Monde illustré ; 18 avril 1896 - source : Gallica-BnF

Jeux olympiques d'hier et de demain

Émission consacrée à l'histoire des Jeux olympiques. - A 5'03 : 1896, premières olympiades à Athènes.