Écho de presse

Première projection du cinématographe par les frères Lumière en 1895

le 22/08/2018 par Isabelle Chalier
le 23/04/2018 par Isabelle Chalier - modifié le 22/08/2018
Cinématographe Lumière, Maurice Auzolle, Pichot, Paris, 1896 - source : Gallica-BnF

Le 28 décembre 1895 au Salon indien du Grand Café à Paris, les frères Lumière organisent la première projection cinématographique. Une révolution technologique qui allait devenir un succès foudroyant et qui marque la naissance du septième art et le développement de la société du spectacle. 

Le 13 février 1895, les deux frères déposent un brevet pour « un appareil servant à l’obtention et à la vision des épreuves chronophotographiques » avant d’organiser le 22 mars de la même année une première projection de « La sortie des usines », un film de 38 secondes et ce devant un public restreint, des professionnels, à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale à Paris.

Cette séance, un mois avant la première séance new-yorkaise du Pantoptikon Latham, connut un véritable succès, ce qui poussa les deux frères à débuter l’exploitation commerciale de l’appareil.

Le 28 décembre 1895, ils organisent la première séance de cinéma payante au Salon indien du Grand Café, 14 boulevard des Capucines, actuel hôtel Scribe, à Paris.

Dix films sont programmés lors de cette soirée.

Cette première projection publique et payante ne compte qu’une trentaine de spectateurs. Mais la nouvelle se répand rapidement et les séances d’une vingtaine de minutes chacune se multiplient.

Quelques semaines plus tard, le Salon indien accueille jusqu’à 2 500 spectateurs par jour !

Les premiers spectateurs, y compris les journalistes, sont subjugués par ce qu’ils voient. Les premières projections suscitent l'enthousiasme du Gaulois : 

«Le cinématographe de MM. Auguste et Louis Lumière, de Lyon, ne présente aucun des inconvénients signalés à propos du kinétoscope, dont il se distingue essentiellement, autant par le procédé mis en œuvre que par les résultats obtenus […]. Le cinématographe est aujourd’hui visible sur le boulevard des Capucines : nous engageons non moins vivement nos lecteurs à s’offrir un spectacle bien supérieur au kinétoscope, et d’où ils sortiront émerveillés. »

À l'instar du Journal des débats politiques et littéraires :  

« Tout le monde admire en ce moment les effets si remarquables que donne l’invention de MM. Lumière. Les photographies animées sont de petites merveilles. On distingue tous les détails, les tourbillons de fumée qui s’élèvent, les vagues de la mer qui viennent se briser sur la place, le frémissement des feuilles sous l’action de la brise, etc. »

Le Pêle-Mêle encense le procédé :

« Le cinématographe n’est qu’une amplification intelligente, à l’aide de projections, de l’invention d’Edisson, mais l’effet obtenu est autrement intéressant. Ce fourmillement de la rue presque grandeur nature, ce jardinier arrosant ses fleurs, ces baigneurs se précipitant dans la mer dont les vagues viennent échouer sur les galets sont bien le spectacle le plus captivant qu’on puisse imaginer. »

 

Le Monde illustré  propose d’ailleurs un schéma afin d’expliquer au grand public le fonctionnement du cinématographe et déclare à son propos en le comparant à la photographie : 

« Vulgarisé, le cinématographe donne le portrait enfin vivant, au lieu de ces languissantes et froides images qui ne sont jamais ressemblantes quand elles prétendent représenter les grâces mobiles et charmeresses de certains êtres. »

Certains spectateurs sont même prêts à acheter l’appareil très cher : Georges Méliès propose 10 000 francs pour l’appareil. Mais Antoine Lumière ne cède pas, bien décidé à conserver l’exploitation exclusive du cinématographe...

L'engouement pour le cinéma est cependant tempéré par le dramatique incendie du Bazar de la Charité, provoqué le 4 mai 1897 par la lampe à éther d'un appareil de projection. Il faut attendre plusieurs années pour que la méfiance des Français s'estompe.