Chronique

29 juillet 1881 : la presse se libère

le 08/11/2019 par Pierre Ancery
le 18/10/2016 par Pierre Ancery - modifié le 08/11/2019
Publicité pour Le Nouveau Journal, quotidien ; 1880 - Source BnF

Votée à la quasi-unanimité, la loi sur la liberté de la presse entend renouer avec les promesses de 1789. Et en finir avec le délit d'opinion.

En France, la loi du 29 juillet 1881 est souvent considérée comme le texte juridique fondateur de la liberté de la presse et de la liberté d'expression. Inspirée par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et toujours en vigueur aujourd'hui, c'est elle qui définit les libertés et les responsabilités de la presse française.

 

Après la chute du Second Empire et l'instauration de la IIIe République, un processus politique d'une quinzaine d'années va être nécessaire pour voir la création en France de lois réellement républicaines (sur l'école, les syndicats, etc.). Avec la loi de 1881, la presse, qui a été tenue en laisse par tous les régimes successifs, recouvre la liberté promise en 1789.

 

 

 

La liberté jusqu'où ?

 

Les débats autour de sa promulgation ont lieu dans un climat relativement apaisé, notamment lors de sa discussion à la Chambre des députés en janvier et février. Parmi les questions soulevées : faut-il réprimer l'outrage à la République ? Les dernières tentatives de restauration de la monarchie, notamment celle de Mac Mahon en 1877, sont présentes dans les esprits...

 

Le 15 février, Clemenceau prononce un discours (repris le lendemain dans son journal La Justice) dans lequel il affirme que la liberté totale est le meilleur rempart contre les attaques antirépublicaines :

 

"La liberté, loin d'être un danger, est la condition même de l'exercice de la souveraineté populaire, qui n'a que faire de la protection précaire que vous lui offrez et qui n'a besoin, pour se défendre, que de sa liberté. Non pas de telle ou telle portion de la liberté que vous lui mesurez d'une main plus ou moins avare, mais de la liberté sans épithète, de toute la liberté. […] Que voulez-vous protéger, en effet, et qui voulez-vous que nous protégions ? La République ? Je ne veux pas plus que vous la livrer sans défense aux attaques de ses ennemis, mais je prétends que la véritable manière de la mettre en mesure d...

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