Chronique

Belle Epoque : "une société qui a confiance en l'avenir"

le 06/10/2021 par Dominique Kalifa
le 07/06/2017 par Dominique Kalifa - modifié le 06/10/2021
Modern Cinéma Lumière : affiche - Source BnF Gallica

La Belle Époque fait partie de notre héritage culturel mais sait-on vraiment ce que recouvre cette notion ? L’historien Dominique Kalifa, auteur de La Véritable Histoire de la Belle Époque, revient sur cette période perçue comme une parenthèse enchantée.

Que nomme-t-on précisément Belle Époque ?
 
Ce qu’on s’accorde à nommer la Belle Époque, c’est l’entrée dans le XXe siècle, les quinze années qui ont précédé la Première Guerre mondiale. C’est le temps des inventions techniques, technologiques, industrielles, de l’aviation, du téléphone, du cinéma… Des inventions majeures se mettent en place. C’est aussi une période de forte créativité intellectuelle et artistique, dans la peinture, la littérature, la musique. Aujourd’hui, on est frappé par la concentration en innovations. Cela doit beaucoup au fait que ces inventions ont gagné par la suite. Il y a eu bien d’autres moments riches en innovations mais ces innovations n’ont pas réussi à s’imposer, alors que les avant-garde de la Belle Epoque ont triomphé. 
 
Les gens avaient-ils conscience de vivre une époque aussi riche ?
 

Il ne faut pas oublier que le monde rural et le monde ouvrier étaient confrontés à des situations très dures, et que c’était aussi une période d’inégalités - il n’y a jamais eu autant de grèves avec morts d’homme qu’à ce moment-là…

 

On est dans un moment très dur mais, par ailleurs, c’est aussi une période de croissance économique assez forte, de stabilité monétaire, qui permet une hausse relative du niveau de vie. Toute une petite bourgeoisie populaire, qu’on appellera plus tard les classes moyennes, commence à connaître une forme de prospérité.
 
Un exemple frappant : la bicyclette. Elle se développe énormément, son prix baisse beaucoup, et cela a deux conséquences importantes : quand on est ouvrier, on se rend compte que l’industrie ce n’est pas seulement le bagne industriel, c’est aussi quelque chose qui peut produire des choses utiles, que l’on peut acheter. Et pour les adolescents et les femmes, la bicyclette est synonyme de liberté.
 

 

Il y a aussi une certaine liberté de moeurs, la sexualité est plus permissive. La prostitution est très développée, il y a une légèreté de la vie sexuelle, un rapport polisson. Et puis les gens rient. Que ça soit dans les classes supérieures - c’est la grande époque des bon...

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