Chronique

Deux mois avec les bandits de Chicago

le 08/11/2019 par
le 02/11/2016 par - modifié le 08/11/2019
Al Capone et le procureur Harry Epstein ; 1930 - Source RetroNews

En 1930, un reporter français enquête parmi la pègre. Il parviendra à interviewer Al Capone lui-même.

Le 14 septembre 1930, Le Journal annonce en première page « le plus sensationnel des reportages » : pendant deux mois, le journaliste judiciaire Geo London (pseudonyme de Georges Samuel) a enquêté parmi les bandits de Chicago. La ville est alors sous la coupe du tristement célèbre Al Capone...

 

La publication de ce reportage au long cours, qui connaîtra un immense succès, s'étale sur plusieurs semaines. Dans le premier article, paru le 15, London rapporte la plaisanterie à laquelle a droit tout voyageur à destination de Chicago : « Don't forget your steel vest ! » (« N'oubliez pas votre gilet blindé ! »). Chicago, à l'époque, est célèbre pour sa corruption et ses règlements de compte sanglants, comme l'explique l'envoyé spécial :

 

"Il n'en reste pas moins que les bandits de Chicago, groupés en organisations puissantes, formant plusieurs États dans l'État d'Illinois, disposant de moyens financiers considérables, s'appuyant sur des concours politiques, judiciaires et policiers qui leur assurent une déconcertante impunité, ont réalisé, selon la forte expression de M. Charles Hugues, chef suprême de la justice américaine, la « capitalisation du crime », c'est-à-dire l'exploitation rationnelle d'une industrie et d'un commerce énormes, illicites, immoraux, établis en marge des règles qui régissent les sociétés civilisées."

 

 

Une enquête-feuilleton

 

London, en conteur habile, se met en scène dans sa propre enquête. Et les rebondissements ne manquent pas ! Dès son arrivée à Chicago, il assiste à la découverte du corps empoisonné de John T. Joyce, sénateur de l'Illinois, « coupable d'avoir voulu dénoncer l'immixtion des gangsters dans la lutte électorale ». Le 17, il évoque sa visite d'un bar clandestin (on est en pleine prohibition), lors de laquelle il assiste à l'arrestation, au gaz lacrymogène, d'un meurtrier.

 

Le 20, il entre dans le vif du sujet et dresse le portrait d'Al Capone, « tsar des bandits ». Évoquant le passé du célèbre gangster, il livre quelques anecdotes croustillantes...

 

"Al Capone était, à ce moment-là, un fort joli garçon, trop joli même, si bien que ceux qui ne l'aimaient pas usaie...

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