Chronique

La non-défaite de Trafalgar

le 08/11/2019 par Nicola Todorov
le 24/05/2017 par Nicola Todorov - modifié le 08/11/2019
Napoléon, estampe, Fabrique de Dembour et Gangel ; source Gallica BnF

La défaite infligée aux Français à Trafalgar en 1805 fut presque entièrement passée sous silence par la presse napoléonienne, comme nous l'explique l'historien Nicola Todorov.

"Vous êtes du nombre de ceux qui se sont bien battus, vous prendrez votre revanche."

 

C’est ainsi que Napoléon encouragea les capitaines de vaisseaux Magendie et Villemadrin, qui avaient commandé respectivement le Bucentaure et le Swiftsure à la bataille de Trafalgar, comme le relate le 20 mai 1806 le Journal de l’Empire

 

La défaite infligée, le 21 octobre 1805, à l’escadre franco-espagnole au large du cap de Trafalgar par l’escadre britannique commandée par l’amiral Nelson, n’avait pas été passée sous silence par la presse officielle de l’Empire français, mais la présentation de l’événement était abordée d’une manière très différente de celle de l’éclatante victoire terrestre française d’Austerlitz.

 

En guerre contre l’Autriche et la Russie, dans les plaines de Moravie, Napoléon ne semble avoir été informé par son ministre de la marine, Denis Decrès, que le 18 novembre 1805 de la bataille de Trafalgar :

 

"Je reçois votre lettre relative au combat de Cadix. J'attends les détails ultérieurs que vous m'annoncez, avant de me former une opinion décisive sur la nature de cette affaire. En attendant, je m'empresse de vous faire connaître que cela ne change rien à mes projets de croisières ; je suis même fâché que tout ne soit pas prêt." (Correspondance de Napoléon)

 

Des références au "combat de Trafalgar" ne semblent apparaître dans la presse française qu’après Austerlitz, mais contrairement à cette dernière bataille, dont le déroulement fut relaté, le 17 décembre par le Journal de l’Empire avec le détail sur les forces en présence et les pertes, le lecteur devait bien deviner que Trafalgar, au contraire, était une défaite.

 

Pour le lecteur du Journal de l’Empire, Trafalgar était surtout associé à la mort de lord Nelson. Ses funérailles, le contenu de son testament, les collectes faites au profit des familles des matelots anglais tués lors de la bataille, semblaient préoccuper la presse française davantage que l’ampleur du désastre franco-espagnol.

 

Le 26 janvier 1806, la paix de Presbourg avec l’Autriche signée et la Prusse rangée aux côtés de la France, le Journal de l’Empire publia entre autres une lettre de Londres dans laquelle le Premier ministre anglais William Pitt fut rendu responsable de toutes les défaites de la 3e coalition :

 

"Aujourd’hui M. Pitt s’aperçoit qu’en se faisant une affaire personnelle de cette guerre, il est devenu personnellement responsable de tous les événements ; toutes les défaites sont tomb...

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