Chronique

Le sport, une morale en action ?

le 08/11/2019 par Michaël Attali
le 20/12/2016 par Michaël Attali - modifié le 08/11/2019
Portrait d'un sportif (Meunier) ; Agence Rol ; 1911 - Source Gallica BnF

Noble, vertueux, obéissant à une stricte division sexuelle... Dans l'entre-deux-guerres, loin d'être un simple divertissement, le sport se voulait porteur de valeurs sociales et culturelles, comme nous l'explique l'historien Michaël Attali.

Présent dans la presse à l’occasion des évènements ou pour célébrer des champions dont on vante l’excellence, le sport est aussi saisi par l’intermédiaire de ses fonctions sociales et culturelles. La presse généraliste comme la presse spécialisée développent un prosélytisme à son égard sur la base des effets sociaux réels ou présumés du sport.

 

Son rôle moral est tout particulièrement mobilisé pour souligner ses atouts autant que pour mettre en garde sur les dérives qui le guettent. L’entre-deux-guerres correspond à une période durant laquelle la perception du sport repose sur la morale qu’il est censé incarner.

 

 

Le sport a des valeurs

 

Autant que ses effets physiques, le sport est vanté par l’intermédiaire des valeurs qu’il doit transmettre à ses pratiquants. En raison des efforts qu’il demande, de la rigueur qu’il impose et de la volonté qu’il nécessite, il est ainsi appréhendé comme "une école de discipline morale" (dans le Match du 14 décembre 1926) dont témoigne le parcours de plusieurs champions.

 

Le sport est censé créer des habitudes et imposer des manières d’être conduisant à former des individus exemplaires. Sa pratique doit permettre de purifier l’individu et de lutter contre toutes les formes de perversions morales qui menacent la société.

 

Davantage que l’admiration d’êtres exceptionnels par les performances produites, la litanie des bénéfices à tirer d’une pratique bien menée caractérise les positions des rédacteurs dans la presse française. Les valeurs sont ainsi consubstantielles au sport et rares sont ceux qui doutent des conséquences positives d’une pratique bien organisée. Lorsque la critique s’engage, ce sont les perversions du sport qui sont stigmatisées, témoignant de l’emprise vertueuse qui saisit le sport. Ainsi lit-on dans L’Humanité du 15 juillet 1924, à l'occasion des Jeux olympiques de Paris, cette description des compétiteurs :

 

"Des athlètes pleins de foi, de vigueur, de loyauté, de sportivité [...]. Vainqueurs et vaincus, ouvriers français et allemands, ayant terminé leur dur effort, se jetèrent dans les bras les uns les autres et s'embrassèrent fraternelle...

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