Chronique

Les nouvelles "virales" de la presse du XIXème siècle

le 08/11/2019 par Guillaume Pinson et Julien Schuh
le 07/03/2017 par Guillaume Pinson et Julien Schuh - modifié le 08/11/2019
Une du "Matin" du 26 février 1884 ; source RetroNews

Et si le phénomène des informations dites "virales", relayées, partagées, recopiées d'un site, d'un réseau social à l'autre, n’était pas propre à la culture numérique, mais avait pris naissance au cœur du XIXème siècle médiatique ? Par Guillaume Pinson et Julien Schuh.

La mondialisation médiatique, qui connaît une phase de développement accéléré au XIXe siècle, engendre l’expansion de réseaux d’information interconnectés comme jamais dans l’histoire de l’humanité, inédits dans leur capacité à lier les lecteurs entre eux. Les développements du télégraphe et du chemin de fer dans le premier tiers du siècle, des lignes maritimes à la vapeur, la pose des premiers câbles sous-marins à partir de la fin des années 1850, le développement des agences de presse, l’organisation de plus en plus rigoureuse du travail de l’information, sont autant de transformations qui consolident cette interconnexion.

 

La grande presse d’information est au cœur d’un tel processus. Le journal Le Matin, lancé en 1884, coiffe ses "oreilles" de fils télégraphiques [Voir l'archive] qui symbolisent cette accélération de l’information.

 

Ainsi, au XIXe siècle, alors que le journal quotidien modifiait partout en Occident la vie sociale, politique, professionnelle, familiale, le lecteur voulait appréhender la place qu’il occupait dans le monde en se "connectant" à ses concitoyens par l’intermédiaire du journal.

 

Or, une part de son expérience de lecture prenait sans doute son sens dans le fait qu’il savait avoir en main un journal qui se trouvait lui-même connecté à ce monde ; que ce journal n’était pas un objet clos dans son texte mais au contraire traversé de textes mis en circulation, échangés, recopiés, réimprimés, sautant d’un titre à l’autre. En somme, le lecteur parvenait à se situer au sein du système médiatique, à prendre conscience de sa propre "localisation" à travers l’œuvre collective formée de la liaison des journaux entre eux.

 

Une forme de propriété collective

C’est peut-être l’un des éléments les plus étonnants – et encore peu connus – que l’on peut découvrir en se plongeant dans les corpus de presse du XIXe siècle : en eux circulaient déjà des contenus "viraux". Le genre du petit fait...

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