Chronique

L'Orient compliqué et les idées simples

le 08/11/2019 par Jean-Pierre Filiu
le 07/06/2016 par Jean-Pierre Filiu - modifié le 08/11/2019
Le Général de Gaulle, 1940 - Source Gallica BnF

En 1941, les troupes gaullistes et vichyssoises se sont affrontées au Moyen-Orient. L'historien Jean-Pierre Filiu nous raconte comment ce conflit franco-français embrasa ce qu'on appelait alors le Levant.

« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples ».

Rarement phrase de Charles de Gaulle aura été autant citée hors de son contexte, voire à contre-sens. Sans oublier la fort prosaïque et si fréquente substitution de « volais » par « allais », ce qui est manquer de respect au style du Général.

Cette phrase ouvre le chapitre « L’Orient » du premier tome des Mémoires de guerre. Nous sommes en avril 1941 et c’est vers Le Caire que « vole » l’homme de l’appel du 18 juin. Après des premiers succès militaires, surtout sur le continent africain, il veut désormais implanter la France libre au Levant.

Il a nommé le général Georges Catroux délégué général de la France libre au Moyen-Orient. Catroux a déjà servi à deux reprises au Levant, en 1920-22 et en 1926-27. Il réside en Égypte où il a noué des liens de confiance avec les autorités britanniques.

De Gaulle connaît également la région pour avoir été affecté durant deux ans, en 1929-31, à l’état-major des troupes du Levant. Basé à Beyrouth, il a mené de nombreuses missions dans les villes syriennes de Damas, Homs, Hama, Alep ou Palmyre.

Il a même participé, en juin 1930, à l’expédition de pacification du « Bec de canard », cette pointe de l’extrême nord-est de la Syrie, à la population majoritairement kurde. Le chef de bataillon De Gaulle écrit alors à son père son émotion d’avoir été un des premiers militaires français à atteindre le Tigre.

 

Une victoire indispensable

Mais revenons à 1941 et à la citation complète.

« Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais que, au milieu de facteurs enchevêtrés, une partie essentielle s’y jouait. Il fallait donc en...

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