Extrait du journal

autour de leur père nourricier avaient au moins la reconnaissance de l'estomac et ils en donnaient tous les signes. Les enfants, eux non plus, ne sont, pas ingrats ordinaire ment. lis s'attachent vite à qui les aime. Les plus timides,, froids et gênés au premier abord, deviennent souvent les plus tendres : ils vous savent gré de l'effort qu'on a fait et de celui qu'on leur a épargné en allant à eux : ils vous remercient d'avoir deviné leur désir, rassuré leur méfiance pu réveillé leur paresse. L'envie de bien faire est sou vent accompagnée chez les enfants et même chez les jeunes garçons de la peur de mal faire; ils n'osent pas, ils sont inquiets, ils ont besoin d'être enhardis et soutenus. Si on ne les aide point, si on ne trouve pas la parole et le geste d'amitié qui les décident, ils se mettent en boule, comme des oiseaux effrayés, ou bien ils se sauvent de vous et c'est toute une affaire ensuite pour les ra mener. Et puis, quand ils seraient ingrats, quand ils oublieraient, quand ils piqueraient même, à l'occasion, d'un coup de bec la main qui les nourrit ! Ce n'est pas pour soi, c'est pour eux qu'on leur émiette la science, « le pain des forts ». Attrape qui peut ! Ceux qui peuvent ne sont pas tou jours ceux qui veulent, ou inversement. Comme les oiseaux, ils ont leurs caprices et leurs distractions ; ils n'ont pas envie de manger quand ils n'ont pas faim. De leur dire alors : Petit, petit ! avec une voix en gageante ou étonnée, de se fâcher contre eux s'ils ne mordent pas à nos miettes, ce serait les effaroucher inutilement et les mettre en fuite. Il vaut mieux les laisser venir à soi, et, quand ils en ont assez, les laisser partir et s'ébattre à leur fantaisie... Le charmeur d'oiseaux du Luxembourg m'a ainsi donné, sans qu'il y pensât, une petite leçon de pédagogie, et je faisais, en rentrant chez moi, les réflexions que je vous soumets....