Extrait du journal

La longue et brillante discussion qui précéda, à la Chambre, le vote de la loi sur les associations fut un admirable tournoi d'éloquence juridique et poli tique entre M. Waldeck-Rouseeau et les chefs du groupe républicain pro gressiste. Ceux-ci.luttèrent pied à pied pour dé fendre le terrain sur lequel ils s’étaient placés. C’était leur droit et, dans l’ardeur de leurs convictions, c’était leur devoir. La loi a été votée : il n’y a plus à en contester les prescriptions ; il n’y a plus qu’à s’incliner et à obéir. C’est ce que M. Ribot reconnaissait lui-même dans un de ses derniers discours. Rien de plus simple, en vérité, que la situation qui provoque de si étranges protestations et semble, aux yeux de quelques-uns, marquer le retour vers les plus odieuses et les plus intolérables persécutions. Aux termes de la loi du 1er juillet 1901, les établissements congréganistes qui existaient sans autorisation devaient solliciter cette autorisation dans un délai de six mois. Vous reconnaîtrez que ce n’est pas très draconien. Un citoyen quelconque, soumis à une obli gation de ce genre se fut empressé de s’y conformer, mais les congrégations, en vertu de la conception théocratique à laquelle elles se rattachent contre vents et marée, ne veulent pas se rési gner à se considérer comme liées au droit commun. Elles n’acceptent pas les lois, elles les discutent ; elles ne les connaissent qu’autant que celles-ci ré pondent à leur idéal et satisfont leurs intérêts. La loi leur ordonne de demander une autorisation : elles font la sourde oreille, elles passent outre et conti nuent à fonctionner comme si rien ne s’était passé. Le temps s’écoule, les délais légaux sont expirés depuis six mois ; elles restent debout, bravant audacieusement la loi qu’elles ont dé daignée. Toute patience a ses limites et le gouvernement de la République en tend, à son tour, faire cesser un état de révolte que n’auraient pas toléré les gouvernements monarchiques les plus ardemment dévoués aux idées reli...