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L’Humanité, 28 mars 1909

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L’Humanité
28 mars 1909


Extrait du journal

'(Dë notre envoyé spécial) .y'Méru, le 27 mars. — Arrivé à une heure 'de l'après-midi en gare de Méru, mes re gards sont immédiatement frappés par une affluence extraordinaire de travailleurs sur les quais de la gare, dans la cour, l'artère centrale, avenue Victor-IIugo et toutes les rues adjacentes. Plus de 5.000 hommes, femmes et en fants.sont là, dans un calme parfait. Une certaine tristesse se dégage cependant de cette foule. Que se passe-t-il donc ? ; Reconnu par quelques militants qui se xnettent immédiatement à la disposition du rédacteur de YRumanité, en même temps que membre du comité confédéral de la C. G., je suis vite mis au courant de la manifestation qui se prépare, et je me sens ému moi-même à la vue d'un certain nomhrc de nos camarades femmes qui, les lar mes aux yeux, — qu'elles tâchent de re tenir autant qu'elles peuvent, — embras sent des bambins de 3 à 11 ans, qui, avec l'-insouciance de leur âge,. rient et semblent en fête. . C'est le premier exode de dix-neuf en fants des grévistes, qui vont partir pour Saintines, où ils vont être recueillis, choyés et fêtés par nos camarades allumettiers. Mais voici le préfet sur les lieux depuis le matin. Il s'étonne de cette solidarité des .travailleurs qu'il blâme ouvertement. Sa .vieille âme endurcie de vieux fonctionnaire aux gages et aux ordres du gouvernement ne comprend pas ce qu'il y a de beau et de sublime dans l'acte de nos camarades de Saintines. Il s'étonne et le dit d'ail leurs sur le quai même de la gare. Il trouve que l'on a tort de priver les enfants de leurs parents, ce qui lui attire cette ré plique très juste de Lefèvre, délégué de la Confédération : « Donnez-leur donc alors la subsistance nécessaire ! ». Mais passons; car voici le train qui ar rive. ' Accompagnés de délégués, les .enfants montent en voiture. Des quais, de la cour, de partout, partent les cris de : « Vive la grève », « Vive, la solidarité ». Le train est déjà dans le lointain que les vivats ne sont pas apaisés. Mais on ne peut rester là, et alors que les mamans s'essuient les yeux remplis de larmes, un mot d'ordre est donné : « Tous à la salle Angonin ». Et la foule, en un-cortège serré, va en tendre les orateurs, qui, tout à l'heure, ren-, dront compte de la situation. Une réunion A 2 heures et demie, après la formation 'du bureau, le camarade Lefèvre, délégué de la C. G. T., prend le premier la parole. Il assure les grévistes de la solidarité de tous les travailleurs et de l'organisation serrée qui va se manifester sous toutes ses formes. Après lui, c'est le camarade I.-B. Platelle, secrétaire de l'Union des boutonniers, qui rend compte" de l'entrevue qui vient d'avoir lieu le matin même entre le préfet et les délégués ouvriers. Le Préfet, dit-il, ne voit pas d'autre terTain d'entente que la rentrée immédiate aux tarifs actuels payés avant le mouve ment. Il préconise la. nomination d'une commission mixte chargée d'élaborer de nouveaux tarifs, et il voudrait que les ou vriers s'engagent d'avanoe à se soumettre à la décision qui interviendrait. "PJatelle continue en exposant qu'il n'a pu que promettre dé faire connaître ces...

À propos

Fondé par Jean Jaurès en 1904, L’Humanité, affichait une double volonté : celle de rassembler les militants du socialisme en France, et celle de les renseigner. Sa rédaction, d’une qualité intellectuelle remarquable, a toujours su se défendre contre les attaques virulantes de la presse de droite, notamment de L’Action française, de L’Écho de Paris ou de La Presse. Attaques qui ont toutefois chauffé les esprits de certains nationalistes : on peut penser qu’ils ont même mené – indirectement – à l’assassinat tragique de Jaurès en 1914.

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