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La Croix, 4 janvier 1905

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La Croix
4 janvier 1905


Extrait du journal

C’est uniquement un salut que nous voulons donner ici aux héroïques défen seurs de Port-Arthur : un salut à leur endurance et à leur résistance, un salut à leur mépris de la mort, un salut à leur foi et à leur patriotisme. Les Japonais furent maintes fois raillés d’annoncer des assauts définitifs, qui ne furent que de vaines hécatombes de leurs troupes. C’était un tort : toutes les présomptions humaines s’accordaient à justifier leur confiance dans chacune de leurs tentatives; il ne fallut rien moins que l’héroïsme des assiégés pour les déjouer. Ils avaient pour eux le nombre, la supériorité de l’armement, l’abondance des vivres, le choix des points où porter le combat; les Russes leur résistèrent, réduits à une petite troupe, chaque jour amoindrie par les souffrances du siège comme par les balles des assiégeants, ne disposant que de minces approvisionne ments qu’il fallait méaager, visités par les boulets et les obus jusque dans leurs hôpitaux... ils résistèrent; à défaut fie la victoire par les armes, ils remportèrent la victoire du temps. Une forteresse assiégée est, en effet, toujours une forteresse conquise, si elle n’est pas secourue de l’extérieur. Ses dé fenseurs n’ont pour but que d’immobi liser sous ses murailles des masses et des efforts qui pourraient se porter ailleurs. Port-Arthur a immobilisé huit mois 80 000 hommes, dont le feu de la place a terriblement décimé le contingent. Il a fait tout son devoir, il a rendu à la Russie tout le service qu’il pouvait lui rendre; il le lui a rendu au prix de tous les sacrifices qu’un pays attend de ses enfants; son nom a sa place glorieuse dans la galerie historique des sièges illustres. Parlerai-je de ces combats de géants, où sept fois repoussés de leurs positions, sept fois les défenseurs de Port-Arthur les reprirent à la baïonnette? Parlerai-je de cette mitraille qui balayait les rues, de ces toits qui s’effondraient sous les projectiles, de ces arsenaux qui sau taient sous les obus? Non, nous avons, au jour le jour, assisté à ces scènes de carnage et de désastre. L’héroïsme avec lequel les troupes russes en supportèrent les épreuves nous arracha à chaque heure un cri d’admiration. Aujourd’hui, à l’heure suprême, à celle de la reddition faute d’hommes, faute de munitions, faute d’armes, faute de vivres, nous n’avons qu’à saluer et nous saluons. Sans doute, les Japonais firent, eux aussi, preuve d’un grand savoir militaire et d’une belle intrépidité. Les assaillants furent à la hauteur des assiégés. Mais l’issue du siège était certaine; ils ne sacrifiaient tant de vies humaines que pour en abréger la durée, et ils y ont écboué, tandis que les Russes n’onl pas la responsabilité de la guerre; ils ne s’y étaient même pas préparés, et enfin ils sont nos amis, ils sont nos alliés; c’est pourquoi nous portons le crêpe de leur deuil, comme la fierté de leur héroïsme. Us livrent à l’ennemi, non plus une flotte, il n’y eu a plus; non plus une place forte, il n’y en a plus; à peine livrent-ils une garnison ; on pourrait presque dire qu’il n’y en a plus. Ils lui livrent un monceau de ruines, sur lequel respirent encore une poignée de héros, criblés de blessures et mourant de faim. A ces ruines, salut 1 Salut à ces héros 1 J. B. A L’ARCHEVËCHË DE PARIS Lundi, S. Em. le cardinal Richard a reçu, suivant l’usage, le clergé parisien à l’occa sion du nouvel an....

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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