PRÉCÉDENT

La Croix, 4 septembre 1902

SUIVANT

URL invalide

La Croix
4 septembre 1902


Extrait du journal

Quand un parti détient le pouvoir depuis vingt ans, l’ère des promesses est close pour lui. Il n a plus le droit de demander crédit au pays et de dire : Attendez, patientez encore un peu et vous me verrez à l’œuvre. Un tel langage ferait trop penser à la fameuse enseigne : « Demain, on rasera gratis. » C’est sur ses actes et non plus sur son programme qu’on juge un parti a vingt ans après ». Ou mieux, la nation est en droit de se rappeler le programme, d’en rapprocher les actes et d’apprécier. Or, voilà vingt ans que nous sommes « en Franc-Maçonnerie ». Qu’ils l’aient voulu ou non, les mi nistres qui se sont succédé, même les plus honnêtes et les plus indépendants, ont dû suhir les doctrines, l’influence, la direction de la secte. Ceux qui ont tenté de s’en affranchir ont été brisés* * C’est donc à la Franc-Maçonnerie que le peuple doit poser cette question Qu’aviez-vous promis et qu’avez-vous fait? Ah ! certes, les promesses étaientbelles ! Liberté, égalité, fraternité, ordre, jus tice, France plus grande au dehors, plus prospère au dedans, réformes fiscales, réformes ouvrières, réduction du service militaire, retraites pour les vieux tra vailleurs, etc., etc. Nous avons lu tout cela, serti dans une phraséologie rutilante et signé par ceux qui n’ont cessé, depuis près d’un quart de siècle, d’être les maîtres incontestés de la République. Ils promettaient tout, ils pouvaient tout, qu’ont-ils tenu? La liberté? Elle agonise. Liberté d’enseignement, liberté d’as sociation, liberté de la rue pour les hon nêtes gens, liberté de conscience pour les salariés de l’Etat : toutes ces libertés sont mortes ou mourantes. Il n’y a plus que des licences: licence de la pornographie, licence de la débauche qui se font une concurrence libre sur nos trottoirs, au point qu’on ne peut plus, en beaucoup de villes, laisser sortir seuls les enfants, pour peu qu’on ait le souci de leur innocence. La vertu molestée, traquée et chassée de ses asiles; la débauche tolérée, encoiv ragée, protégée: voilà comme la secte tient ses promesses de liberté, d’égalité et de fraternité. Quant au prestige de la France au dehors, quant à sa prospérité au dedans, n’en parlons pas. Insister serait trop douloureux. Il y a des hontes et des ruines dont le seul souvenir renouvelle toutes les tortures. Mais ce qu’on ne voit pas assez, ce qu’on cache au peuple par tout le tapa geur appareil de la guerre anticléricale, c’est la stérilité absolue,; C’est l'inanité lamentable de l’œuvre de la majorité maçonnique aupointde .vue des réformes sociales et ouvrières. Uni homme qui n’ést ças des nôtres, certes, mais dont nous aimons à recon- j naître la sincérité et la loyauté de carac- ! tère, M. Mirman, l’écrivait ces jours-ci : «. J’ai dressé le bilan des œuvres de solidarité nationale, et cet 'inventaire était lamentable. La République manque’ à son devoir le plus impérieux. C’est là que d’abord elle devrait concentrer ses efforts. » ,...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

En savoir plus
Données de classification
  • pelletan
  • trouillot
  • u. cotte
  • mirman
  • escalier
  • convers
  • taillefer
  • kermarrec
  • louarn
  • lemoine
  • martinique
  • france
  • paris
  • loire
  • toulouse
  • villefranche
  • la loire
  • fort-de-france
  • isère
  • renaison
  • la république
  • bayard
  • union générale
  • etat
  • suez
  • havas
  • hôtel-dieu
  • jardin des plantes
  • fédération régionale des mineurs
  • f. p.