Extrait du journal

Ceux qu'il venait relancer avaient dis paru !... Il le savait déjà, il avait prévu cette déception, et cependant, le coup n'en fut pas moins terrible. Diaz se précipita .la face contre terre. Ce. fut la prostration profonde, l'anéantisment complet de l'esprit du mal quand'il est vaincu. — Aboire! répéta faiblement.Landry. Cette plainte rauque fit tressaillir l'hi dalgo. Il se redressa lentement et regarda l'écuyer. Puis, soudain, un indéfinissable sourira détendit ses traits. Il se traîna vers le corps d'un de ses. sbires, détacha une gourde accrochée à la ceinture du mort et .revint à Landry. — Voici de l'eau ! lui dit-il d'une voix douce. Le vieux soldat arrêta sur Diaz ses yeux hagards qui nageaient dans le délire. Peu à peu, il s'y peignit une «expression d'étonnement et d'épouvante. — Vous!... balbutia-t-il enfin. C'est vous qui mé secourez !... v ; '— Qui, moi. Buvez, compagnon !.?. < — Alors... cette eau... est empoisonnéè!... . _ L'Espagnol haussa les épaules, et but, afin de rassurer le moribond, une longue gorgée de liquide. Landry le couvait du regard avec une avidité bestiale. — Donnez I oh ! donnez ! articula- t-il. — Oui. Mais & une condition. L'écuyer poussa un gémissement. ~ Oh! bégaya-t-if, le monstre! il se raille... de mes souffrances!' Achève-moi plutôt^ par pitié achève-moi ! Diégo appuya la gourde aux lèvres de Landry, qui sentit sur sa langue tuméfiée l'humide fraîcheur du goulot. Sa soif - en fut surexcitée jusqu'à la rage. -— Verse! râla-t-il. L'hidalgo retira la gourde.....