Extrait du journal

Lorsqu'un journaliste ou un membre du Parlement se permet d'exprimer quelques regrets au sujet des millions que coûtent les manœuvres d'automne et quel-ques doutes touchant la nécessité de cette dépense, on ne manque jamais de lui expliquer que la concentration périodique, dans une même région, d'un grand nombre de régiments et d'une énorme quantité de matériel de guerre, est indispensable pour l'instruction du haut commandement. Ne faut-il pas que nos généraux à trois étoiles et à plumes blanches puissent faire évoluer sur le terrain, de temps à autre, des effectifs de toutes armes et autant que possible équivalents à ceux qu'ils devraient diriger sur le champ de bataille, dans ces heures critiques où ils tiendraient entre leurs mains l'intégrité du territoire et le salut de la patrie ? Et de fait, je sais des généraux qui profitent en toute conscience de cette occasion annuelle pour tâcher de voir comment fonctionnerait là formidable machine qu'est une armée moderne, pour en vérifier les rouages, pour s'exercer à en tendre les ressorts et à en manipuler les leviers....