Extrait du journal

Stupide d'étonnement, ne comprenant rien à cé qui lui arrivait, l'armateur se leva à son tour. Il demanda : — Pourquoi ne m'avez-vous pas tué ? Vous étiez dans votre droit, et je ne voulais plus me défendre. — Parce que, répondit Katter, — il me répugne de frapper un ennemi à terre. Et puis je n'ai pas voulu te laisser croire que j'avais fait alliance avec cette femme, ou plutôt, selon ta propre expression, qu'elle t'avait vendu à moi. C'est pour cela que je ne t'ai pas tué. — Vous avez eu.tort, car'je vous hais, je vous l'ai dit. Je vous ai dit aussi que je haïssais cette femme. Ce qui était vrai tout àl'heure peut ne plus l'être dans un ins tant. Cette femme m'a ensorcelé; elle me possède comme ùn démon. — Tue-la, en ce cas ! — proféra brutale ment Katter. — Tu seras délivré du démon. Tu t'appartiendras, tu pourras redevenir honnête homme. Il resta morne, les yeux baissés, obsédé par une seule pensée, toujours la même. — Vous avez eu tort de ne pas me tuer. Vous auriez mieux fait. Maintenant, vous allez vous servir d'autres armes contre moi, me déshonorer certainement, me. poursuivre sans doute. Vous auriez mieux fait de me tuer, vous dis-je. ' Il se' fit un silence lourd entre les deux hommes. Stephan, très las, la chemise lacérée, le plastron taché de sang, les vêtements en désordre par suite de la terrible lutte, s'était laissé tomber inerte et découragé sur un divan. Katter fit un pas vers lui et d'une voix...